Alors que la Covid-19 mobilise les forces médicales du monde entier, les autres pathologies passent à la trappe. Ces deux derniers mois, 31% des Français ont renoncé à se rendre chez le médecin ou dans un établissement de santé, révèle un sondage ViaVoice pour la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), révélé par Le Point jeudi 14 mai.
Même après le déconfinement, 36% des sondés expriment des craintes à l’idée de retourner en consultation. “Ce sondage est très riche d’enseignements, commente Lamine Gharbi, le président de la FHP sur le site internet de cette dernière. Il montre d’abord que nous devons rassurer les Français pour qu’ils retrouvent le chemin des établissements de santé. Je comprends leurs inquiétudes mais ils doivent savoir que toutes les précautions sont prises, avec des pratiques adaptées, pour sécuriser leur prise en charge. C’est en restant chez eux au lieu de consulter qu’ils prennent des risques.”
“Il faut porter le message que les pathologies chroniques et les tumeurs ne se sont pas arrêtées pendant le confinement. Il est important de retrouver le chemin des cabinets médicaux !”, alerte Lamine Gharbi dans Le Point. D’après lui, les opérations de tumeurs ont par exemple diminué de 50% pendant le confinement. “Ce ne sont pas des opérations qu'on fait quand on le souhaite et qu'on peut différer. On va peut-être découvrir post-Covid des pathologies qui auront évolué à bas bruit”, s’inquiète-t-il.
Une charte d’engagements pour rassurer les patients inquiets
A la question “Quelles sont les mesures qui vous rassureraient si vous deviez vous rendre dans un établissement de santé ?”, 58% des Français répondent d’abord “le respect des gestes barrières et des règles de distanciation sociale pour les admissions et consultations (dans la salle d’attente etc.)”, vient ensuite “la présence de masques et de gel hydroalcoolique à disposition des patients comme du personnel soignant” (55%), suivie par “des garanties d’hygiène et de désinfection des locaux et matériels” (51%).
Pour rassurer les patients inquiets, la FHP a mis en place une charte d'engagements. “C’est précisément parce que le retour aux soins est un enjeu majeur que la FHP, pour rassurer les patients, a publié récemment une Charte d’engagements indiquant toutes les dispositions prises pour un accueil et une prise en charge sécurisés”, explique la Fédération sur son site internet.
Autre enseignement important de ce sondage intitulé Les nouvelles perceptions et attentes des Français pour bâtir le système de santé de demain : malgré leur crainte de retourner consulter, les personnes interrogées font confiance au personnel médical. Dans le détail, elles sont respectivement 93% et 95% à faire confiance aux médecins et aux paramédicaux. Elles sont également 85% à croire à l’hôpital public et 88% au privé. “Ce sont des scores honorables qui encouragent à continuer ce qu'on fait”, se réjouit Lamine Gharbi.
Relocaliser la production des matériels sanitaires en France
La crise sanitaire a en outre permis de mettre en place une collaboration entre hôpitaux publics et cliniques privées. D’après l’enquête, « 64 % des Français en ont entendu parler, et elle est surtout largement plébiscitée : 91 % estiment que cette collaboration entre les hôpitaux publics et les cliniques privées a été une bonne chose et 61 % une ‘très bonne chose’”, analysent les sondeurs.
Aussi, “77% des Français estiment que cette collaboration entre cliniques privées et hôpitaux publics doit être organisée en permanence, y compris hors période de crise, et sur l’ensemble des territoires”. “Nous devons entendre cette volonté d’une pérennité des synergies entre le public et le privé”, commente Lamine Gharbi.
Enfin, et il fallait s’y attendre, la “reconnaissance” des Français “s’accompagne du souhait que davantage de moyens soient consacrés à la santé”. “Cette crise sanitaire a montré combien la santé était un bien commun à préserver et renforcer”, note le président de la FHP. En priorité des préoccupations des sondés, traumatisés par la pénurie de masques en France, la relocalisation de la “production des matériels sanitaires” dans l’Hexagone. Pour 59% des Français, c’est la priorité ultime pour la santé de demain. Sont ensuite cités “plus de moyens financiers aux établissements de santé” (57%) et “une revalorisation des salaires” (55%).
Début mai, un sondage Ipsos réalisé pour Amgen France, dans le cadre de l'observatoire Datacovid, avait déjà montré que, pendant le confinement, 51% des Français avaient renoncé à au moins une consultation médicale en ville ou à l'hôpital, soit plus d'un Français sur 2. Parmi les personnes souffrant d'une maladie chronique, 30% considèrent que la crise sanitaire de la Covid a eu des répercussions sur leur suivi médical, en particulier les moins de 35 ans (42%).