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Etude

Coronavirus : l'efficacité du masque chirurgical prouvée sur des hamsters

Par Raphaëlle de Tappie

Des tests réalisés sur des hamsters montrent qu’utiliser un masque chirurgical (FFP1) réduit considérablement la propagation de la Covid-19. 

mihalec/iStock

Le ministre de la Santé a redit qu'il n'y avait pas de consensus scientifique à ce stade de l'utilité du masque pour tous les Français”, martelait encore Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, sur Franceinfo le 20 avril. Au début de l’épidémie de coronavirus, la question des masques a longtemps été une vaste polémique. En France, face à la pénurie, le gouvernement a assuré pendant des semaines qu’ils ne seraient d’aucune utilité pour le grand public avant de finalement vivement encourager la population à en porter en extérieur. Aujourd’hui, des tests réalisés sur des hamsters montrent qu’utiliser un masque chirurgical (FFP1) réduit considérablement la propagation du virus, a révélé l’université de Hong Kong à la presse chinoise dimanche 17 mai. 

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont placé des cages contenant des hamsters préalablement infectés au SARS-CoV-2 à proximité de celles d’animaux en bonne santé. Ils ont placé des masques chirurgicaux entre les deux cages, avec un flux d’air allant de la cage des bêtes malades à celle des bêtes saines. Résultats : sans masques, les deux tiers des hamsters sains ont été infectés en une semaine. En revanche, quand les masques étaient en place, la transmission du virus a été réduite de plus de 60% : le taux d’infection est tombé à 15%.

Il est très clair qu’utiliser les masques sur les sujets infectés (…) est plus important que n’importe quoi d’autre”, commente le professeur Yuen Kwok-yung, microbiologiste reconnu des coronavirus, qui a dirigé l’étude. Il est l’un des experts à avoir découvert le virus SRAS quand il est apparu en Asie en 2003 et a immédiatement plaidé faveur du masque par la population pour se protéger des coronavirus. “Nous savons désormais qu’une grande partie des personnes infectées ne présentent pas de symptômes, donc le port universel du masque est vraiment important”, poursuit-il.

Quelques réserves 

Ces résultats sont toutefois à prendre avec des pincettes. En effet, cette nouvelle étude n’a pas encore été publiée. Qui plus est, “elle utilise de petits animaux plutôt que des humains, et il n'est pas certain que l'infection se répandrait de la même manière chez l'homme, explique au Point  Benjamin Cowling, professeur à l'école de santé publique de l'université de Hongkong, auteur d'une étude approfondie sur l'efficacité du masque sur les coronavirus saisonniers (comme celui du rhume), publiée en avril. Mais cela reste une étude importante. C'est la première étude qui observe spécifiquement les effets des masques sur le Covid-19”, concède-t-il toutefois. 

Rappelons qu’en portant un masque chirurgical ou en tissu, la protection n’est pas totale, contrairement à celle permise par les masques FFP2 utilisés par les soignants. Le masque chirurgical est notamment destiné à éviter la projection de gouttelettes lors de l’expiration de celui qui le porte. Il retient ainsi 95% des particules expirées et ne protège que de l’intérieur vers l’extérieur. Par conséquent, il n’empêche pas celui qui le porte d’être potentiellement contaminé par le virus.

Le respect des mesures barrière avant tout

Aussi, le masque chirurgical est une mesure de soin supplémentaire mais il ne suffira pas à éradiquer totalement la propagation du virus. Si les villes asiatiques, dont Hong Kong, qui a limité le nombre de cas de Covid à mille (quatre morts), ont réussi à contrôler l’épidémie beaucoup plus rapidement que nous, ce n’est pas seulement car elles n’ont pas souffert d’une pénurie de masques. C’est aussi car les gouvernements ont testé et isolé tous les malades et instauré des applications de traçage de populations beaucoup plus difficiles à mettre en place dans nos démocraties occidentales. Qui plus est, les mesures de distanciation physiques ont été mieux respectées par les citoyens.

“Ce qui est clair, c'est que les recherches sont limitées sur ce domaine. Nous encourageons les pays qui envisagent l'utilisation des masques pour la population générale à étudier leur efficacité pour que l'on puisse tous apprendrePlus important encore, les masques devraient uniquement être utilisés dans le cadre d'un ensemble complet de mesures. Il n'y a pas de réponse binaire, ni de solution miracle. Les masques seuls ne peuvent pas arrêter la pandémie. Les pays doivent continuer de trouver des tests, d'isoler et traiter chaque cas et de retracer tous les contacts”, expliquait récemment Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. 

Masque ou non, il existe des gestes barrière “prouvés” pour se protéger et protéger les autres : garder ses distances, se laver les mains, tousser ou éternuer dans son coude et éviter de se toucher le visage.