Environ 80 000 nouveaux cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année en France, parmi lesquels 90% sont des carcinomes et 10% des mélanomes. Ce dernier type de cancer cutané se développe sur une peau saine ou dans 20 à 30% des cas, à partir de la transformation maligne d'un grain de beauté.
La prévalence des mélanomes a considérablement augmenté ces dernières décennies, notamment à cause de notre surexposition au soleil. En effet, le mélanome est une tumeur maligne des mélanocytes, les cellules qui fabriquent la mélanine. Or, une importante exposition aux rayonnements ultraviolets (UV) du soleil ou des machines de bronzage favorisent le dérèglement de ces cellules.
La prévalence du mélanome sur peau foncée
Si nous savons que les peaux claires y sont particulièrement vulnérables du fait qu'elles brulent, nombreux sont ceux qui pensent que les peaux hâlées, foncées ou noires ne craignent rien… Ce qui n'est pas tout à fait exact. Selon le docteur Christian Derancourt, du CHU de Martinique, à Fort-de-France, “les cancers cutanés sur peau blanche représentent environ 40% de l’ensemble des cancers alors que sur peau noire ils équivalent à environ 2%”.
Sa prévalence sur peau noire varierait également selon les régions du monde : “Son incidence annuelle chez les sujets à peau noire varie de 0,5 à 1,8/100 000 en Afrique du Sud (contre 24,4 chez les sujets de phototype clair), elle est de 0,7/100 000 au Togo et de 1,6/100 000 aux États-Unis.”
Le taux de survie à 5 ans diminué par la couleur de peau
Néanmoins, s'il est moins fréquent sur peau foncée, son pronostic n'en demeure pas moins mauvais. “Le mélanome sur peau noire est rare du fait de la photoprotection induite par la mélanine. En revanche, la sémiologie particulière des mélanomes sur peau noire retarde le diagnostic et aggrave le pronostic qui est d'emblée péjoratif”, explique la docteure Suzanne Oumou Niang de l'Institut du cancer du CHU Le Dantec, à Dakar (Sénégal).
Une étude de l'université de Cleveland (États-Unis) menée en 2016 et publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology a en effet démontré que le taux de survie à 5 ans était plus élevé chez les personnes à la peau claire, notamment parce que le diagnostic précoce du mélanome est plus difficile sur une peau foncée.
“Les patients afro-américains pensent parfois qu'ils sont protégés contre le mélanome, grâce à leur couleur de peau. Or, c'est totalement faux : le cancer de la peau touche toutes les peaux, indépendamment de leur couleur. Et je tiens à rappeler que les peaux noires peuvent aussi attraper un coup de soleil…”, expliquait alors le docteur Jeremy S. Bordeaux, co-auteur de cette étude.
Une crème solaire selon son phototype
Qu'elle soit claire ou foncée, la peau a besoin d'être protégée des rayons UV du soleil. Le phototype permet de classer les individus en fonction de la sensibilité de leur peau. Il en existe 6 : les peaux mates sont le phototype 4 et nécessitent une crème solaire moyenne ou de haute protection, tandis que les peaux foncées et noires (phototypes 5 et 6) se contenteront d'une crème de protection moyenne à faible.