Depuis quand le coronavirus est-il sur notre territoire ? Difficile de répondre à cette question alors qu’il n’est pas clair d’où et quand est partie la pandémie. Récemment, deux chefs de service de réanimation ont affirmé qu'un premier cas de Covid-19 a été répertorié le 27 décembre en France sans que personne ne s'en aperçoive. Les premiers cas officiels de Covid-19, annoncés par le ministère de la Santé, datent eux du 24 janvier. Cela est sans compter sur les athlètes qui ont participé aux Jeux militaires à Wuhan en octobre 2019 et qui pourraient être les premiers français contaminés.
Une recherche difficile
À l’hôpital Albert-Schweitzer de Colmar, dans le Haut-Rhin, l’analyse des scanners réalisée depuis le 1er octobre a révélé des traces de coronavirus datant du 16 novembre dernier, a rapporté Le Parisien. Actuellement, ce sont 2 456 scanners réalisés dans cet hôpital entre le 15 octobre et le 30 avril qui sont étudiés avant que ceux datant de la première moitié du mois d’octobre soient eux aussi scrutés. L’objectif est de rechercher des “anomalies pulmonaires typiques provoquées par le Covid-19”, confie le docteur Michel Schmitt au Parisien. L’idée est de comprendre quand, comment et à quelle vitesse la maladie s’est propagée.
L’analyse des scanners a donc révélé des anomalies sur un premier cas datant du 16 novembre, un second datant également de novembre, douze en décembre et seize en janvier. La suite va consister à rencontrer, mener des analyses épidémiologiques, afin de retracer leur histoire et découvrir comment ils ont pu être contaminés alors que l’épidémie n’était pas encore déclarée dans le pays. Pour Antoine Khalil, président de la Société d’imagerie thoracique, “il sera difficile d’avoir la preuve absolue de l’infection à cette période-là, sauf si des échantillons nasaux ou sanguins ont été conservés. Un test sérologique pourrait confirmer la présence d’anticorps mais pas dater leur présence.”
Une autre difficulté dans l’analyse de ces scanners réside dans la présence de certaines lésions visibles qui peuvent être dues à autre chose que le Covid-19. “On aimerait se dire: on a un examen et il est fiable à 100 %. Malheureusement, ce n’est pas si simple, regrette Chantal Raherison-Semjen, présidente de la société de pneumologie. On rencontre des lésions en verre dépoli (des inflammations visibles dans les clichés de Covid-19) dans beaucoup de maladies. Le scanner est un outil, mais pas la panacée”. Ces premiers résultats devront donc être confirmés pour continuer à suivre le fil qui mène jusqu’au premier patient français infecté.