La cigarette électronique est-elle un outil efficace pour aider à diminuer le tabagisme ? Alors que la communauté scientifique polémique sur cette question depuis des années, six Français sur dix estiment que oui. Malgré tout, 75% d’entre eux se trouvent mal informés sur la e-cigarette, révèle un sondage Odoxa paru lundi 18 mai. D’après cette enquête, 77% des sondés estiment que les pouvoirs publics n’informent pas suffisamment sur le sujet. Ils sont également 84% à trouver que le gouvernement devrait mieux encadrer l’utilisation de la e-cigarette mais également l’encourager comme alternative au tabac auprès des fumeurs (55%).
Pour 60% des Français, la cigarette électronique aide à réduire la consommation de tabac. Les fumeurs sont 69% à le penser et les vapoteurs 92%. Aussi, 53% des sondés se sont tournés vers la cigarette électronique dans l’espoir de réduire le tabac.
Pourtant, ce passage à l’électronique a lieu avant tout car à dix euros le paquet, la cigarette traditionnelle est devenue un produit de luxe. Ainsi, 56% d’entre des Français cherchent surtout à faire des économies quand ils commencent à vapoter. C’est majoritairement le cas des femmes (63%) et des CSP- (64%). Enfin, certains vapoteurs souhaitent profiter de la cigarette électronique pour moins gêner leur entourage (30%) tandis que, pour d’autres, c’est une opportunité de pouvoir consommer de la nicotine en tout moment et en tout lieu (23%).
Les plus de 65% ans plus sceptiques envers le vapotage
Si la plupart des Français pensent que passer au vapotage peut aider à réduire sa consommation de tabac, ils sont plus sceptiques quant à son efficacité pour arrêter totalement : seuls 45% d’entre eux y croient. Ceux qui en sont le plus convaincus sont les vapoteurs exclusifs (92%). Arrivent ensuite les vapoteurs quotidiens (91%), les fumeurs de tabac (55%) et les chefs d’entreprise (54%).
“L’écart que nous constatons entre les Français et les vapoteurs n’est pas nouveau et s’explique. Le scepticisme d’une bonne part de nos concitoyens à l’égard de la cigarette électronique n’est pas seulement lié à leurs doutes sur son efficacité. En effet, une majorité d’entre eux juge toujours qu’elle est aussi risquée (55%) voire même plus risquée (9%) que le tabac”, analysent les sondeurs.
On remarque que ce sont surtout les seniors qui ont une mauvaise image du vapotage : 62% des 65 ans et plus estiment que la cigarette électronique est aussi dangereuse que la classique. A contrario, les CSP+ et les plus hauts revenus (38%), les plus diplômés (40%), les fumeurs de tabac (37%) et les vapoteurs (65%) ont tendance à penser que vapoter est “moins risqué que le tabac”.
Les Français font plus confiance à leurs médecins qu’à la presse ou au gouvernement
Néanmoins, là où les Français s’accordent globalement, c’est dans leur impression d’être mal informés sur le sujet. Ainsi, 60% des 18-24 ans aimeraient avoir plus d’informations sur la cigarette électronique. Dans le détail, les femmes, (60% vs 53% des hommes), les CSP+ (58% mal informés), les plus diplômés (59% vs 55% lorsque niveau inférieur au bac), et les Français non-fumeurs (60%) s’estiment insuffisamment informés.
Pour recueillir des informations fiables, ils sont 85% à faire confiance à leurs médecins. En revanche, ils sont très méfiants envers Internet et les réseaux sociaux (79% d’opinions défavorables), la presse (71%) et même les pouvoirs publics (58%). Les Français sont ainsi 77% à trouver que les pouvoirs publics ne les informent pas assez sur la cigarette électronique. Dans le détail, 85% des sondés aimeraient que le gouvernement informe davantage la population “sur toutes les connaissances scientifiques actuelles sur la cigarette électronique” et 84% qu’il encadre “davantage la cigarette électronique (réglementation, qualité des produits, contrôles, commercialisations, usages…)”.
En conclusion, “les Français attendent de la part des pouvoirs publics que ces derniers fournissent plus d'information sur les usages du vapotage, sensibilisent les fumeurs et encouragent davantage la pratique de la cigarette électronique. Ils attendent une réglementation adaptée qui puisse conforter les consommateurs dans l’utilisation de produits sûrs et de qualité”, analysent les experts.
En mai 2019, Santé publique France a annoncé une diminution de 600 000 fumeurs en 2018 par rapport à 2017. Cette forte baisse venait s’ajouter au million de fumeurs en moins déjà enregistré entre 2016 et 2017. Si le nombre de fumeurs classique a réduit de façon “inédite”, pendant cette période, le nombre de vapoteurs a quant à lui augmenté de 500 000. On compte actuellement 2 millions de vapoteurs en France, ce qui est en fait le 3e marché mondial derrière les États-Unis et le Royaume-Uni pour la e-cigarette.