En l’absence disponibilité de résultats des premières études randomisées hydroxychloroquine-macrolide, un nouveau registre international a été organisé pour avoir une idée de l’intérêt de cette association sur une très large population de malades Covid-19. L'étude est publiée dans le Lancet.
A la suite de cette publication, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé son intention de revoir les règles de prescription de ces traitements.
Cette comparaison sur près de 15 000 malades traités moins de 48 heures après le diagnostic versus 81 000 témoins ne retrouve aucun argument en faveur de l’efficacité de l’association hydroxychloroquine (ou chloroquine) et macrolide de nouvelle génération. Par contre, ce type stratégie thérapeutique combinée est associé à une surmortalité et semble provoquer un nombre non négligeable de troubles du rythme ventriculaire.
Surmortalité des groupes de traitement
Les quatre groupes de traitement ont tous été associés à un risque de mortalité significativement plus élevé qu'au sein du groupe témoin (qui était de 9,3%) : 18% de décès pour l'hydroxychloroquine seule, 23,8% quand elle était associée à un macrolide, 16,4% pour la chloroquine seule, 22,2% quand elle était combinée à l'antibiotique (différences significatives).
Les auteurs estiment ainsi que le risque de mortalité serait de 30 à 45% plus élevé chez des patients prenant ces traitements par rapport au groupe témoin de malades hospitalisés pour pneumonie hypoxémiante.
Augmentation du risque d’arythmie ventriculaire
Concernant le risque d’arythmies ventriculaire graves, et par comparaison au groupe témoin (0,3%), il est significativement plus fréquent chez les malades qui reçoivent de l’hydroxychloroquine (6,1%), l’association hydroxychloroquine-macrolide (8%), la chloroquine (4,3%) et l’association chloroquine-macrolide (6,5%).
Le risque d'arythmie serait cinq fois plus élevé avec l’association ces deux types de molécules selon les auteurs, même si le lien de cause à effet ne peut pas être directement démontré.
Un registre international de près de 100 000 malades hospitalisés
Le registre a colligé des données d'environ 96 032 malades infectés par le virus SARS-CoV-2 (53,8 ans d’âge moyen), admis et traités dans les 48 heures suivant le diagnostic, dans 671 hôpitaux dans le Monde (dont 46,3% de femmes).
Environ 15 000 d'entre eux (n=14 888) ont reçu l'une des quatre combinaisons étudiées : chloroquine seule (n=1868) ou associée à un macrolide de nouvelle génération (n=3783 ; azithromycine ou clarithromycine), hydroxychloroquine seule (n=3016) ou associée à ce même type d’antibiotique (n=6221).
Des malades hospitalisés traités en moins de 48 heures
Ces quatre groupes ont été comparés aux 81 000 malades du groupe témoin n'ayant pas reçu ce traitement. Des ajustements ont été réalisé en fonction de l’âge, du sexe, du BMI, du tabagisme, des comorbidités et de scores de sévérité de la maladie.
Les patients pour lesquels l'un des traitements testés a été initié plus de 48 h après le diagnostic ou alors qu'ils étaient sous ventilation mécanique, ainsi que les patients ayant reçu du remdésivir, ont été exclus. Les critères primaires sont la mortalité à l'hôpital et la survenue d'arythmies ventriculaires (tachycardie ventriculaire ou fibrillation ventriculaire).
Une surmortalité à confirmer
Les auteurs demandent une confirmation « urgente » via des essais cliniques randomisés avant toute conclusion définitive, donc, ce n’est pas encore la fin de l’histoire. Seules les études randomisées, et en particulier celles réalisées chez les malades en ville, moins sévères, permettront de répondre à toutes les objections des aficionados du protocole marseillais.
Cette stratégie thérapeutique ne reposait que sur pas grand-chose (aucune étude de valeur) et a déclenché une avalanche d’essais thérapeutiques (plus de 100 dans le monde) qui a gêné le recrutement des malades dans les études sur les stratégies pertinentes. On nous ressort l’hydroxychloroquine à chaque épidémie ou pandémie depuis près de 60 ans avec les mêmes résultats…
Une option qu'a entériné le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui a demandé au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), le samedi 23 mai, de proposer "sous 48 heures une révision des régles dérogatoires de prescription" de divers traitements, y compris l'hydroxychloroquine, selon France Info.