Depuis plusieurs années en France, l'âge médian d'entrée d'une femme dans la sexualité est de 17,6 ans. Si les mentalités ont considérablement évolué, il n'en reste pas moins que leur santé sexuelle est encore trop souvent associée à la reproduction. Or, leur plus grande susceptibilité que les hommes à être infectées par le VIH, les infections vaginales et maladies gynécologiques, ou encore le vaginisme sont autant d'obstacles que rencontrent les femmes dans leur vie sexuelle.
Les femmes et le VIH
“Les femmes qui découvrent leur séropositivité actuellement en France sont dans 70% des cas âgées de 25 à 49 ans, et dans 15% des cas elles ont plus de 50 ans”, explique Marina Karmochkine, immunologiste à l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris. On estime le nombre de femmes vivant en France avec le VIH à 40 000.
Les femmes sont en effet plus susceptibles que les hommes d'être infectées par le VIH lors d'un rapport sexuel non protégé, en raison de facteurs biologiques : les zones de muqueuses exposées durant les rapports sexuels sont plus étendues chez les femmes que chez les hommes. De même, le fait que la plus grande quantité de fluides soit transférée par l'homme et les éventuelles microdéchirures des tissus du vagin (ou du rectum) pouvant être causées par la pénétration sexuelle, les rendent plus vulnérables.
Les femmes séropositives font face à des maladies et infections qui ne touchent qu'elles, comme la candidose vaginale et le cancer du col de l’utérus. Elles développeront également plus fréquemment certaines affections vaginales, parmi lesquelles les infections aux levures et la vaginose bactérienne, seront plus sensibles que d'ordinaire aux infections transmissibles sexuellement (gonorrhée, chlamydia, herpès et syphilis) et plus à risque de développer une maladie inflammatoire pelvienne.
Enfin, les femmes séropositives doivent passer un test Pap au moins une fois par an, afin de dépister une éventuelle dysplasie cervicale, une croissance anormale des cellules du col de l’utérus pouvant évoluer en cancer.
Les maladies gynécologiques
Endométriose, fibrome utérin, cancer de la vulve, de l'ovaire ou de l'utérus, herpès génital, mycose vaginale, troubles des règles, IST et MST, allergie au latex ou au sperme, déséquilibre de la flore vaginale, etc. Q'elles soient curables ou non, les maladies gynécologiques sont nombreuses et impactent considérablement la qualité de vie des femmes concernées.
Parfois liées au stress, à la fatigue, à l'excès d'hygiène, à la qualité et/ou le frottement des sous-vêtements, à l'alimentation ou à la santé sexuelle d'un partenaire, elles peuvent aussi être génétiques, ou associées à une infection.
On estime que 75% des femmes développeront une mycose vaginale au cours de leur vie et qu'entre 40 et 50% ont au moins 2 ou 3 épisodes de vaginite. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 75% des femmes souffrent d'une candidose vaginale au moins une fois dans leur vie.
De même, on estime qu’environ 30 à 50% des femmes de plus de 30 ans ont ou auront un fibrome utérin. Près de 4 000 nouveaux cas de cancer de l'ovaire sont dépistés chaque année, entre 600 et 700 cas de cancer de la vulve et environ 2 500 nouveaux cas de cancer du col de l'utérus.
Le vaginisme
Le vaginisme est une contraction musculaire prolongée des muscles du plancher pelvien qui entourent l'ouverture du vagin. Il s'agit d'un processus psychophysiologique complexe qui empêche ou rend très difficile la pénétration vaginale. L'aspect des organes génitaux est normal, mais les muscles péri-vaginaux se contractent involontairement au moment de la pénétration et l'orifice se referme. Les femmes qui souffrent de vaginisme doivent alors suivre des séances de rééducation périnéale, effectuée par voie endovaginale pour favoriser la décontraction des muscles.
Selon la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030, “les principaux indicateurs des objectifs d’une bonne santé sexuelle sont partiellement atteints” : 80% des femmes de 15 à 49 ans utilisent un moyen de contraception et 88% jugent quand même “très bonne” ou “satisfaisante” leur vie sexuelle.