C’était l’une des principales interrogations autour du coronavirus : une fois guéri, suis-je immunisé contre une nouvelle infection ? Une étude menée par l’Institut Pasteur, en partenariat avec le CHU de Strasbourg, apporte un élément de réponse. Un mois après leur guérison, 160 personnes qui ont eu une infection au coronavirus sont toujours bien immunisées contre une nouvelle infection.
L'activité neutralisante augmente au cours du temps
L’étude a été réalisée auprès de 160 soignants de deux hôpitaux de Strasbourg (Bas-Rhin) atteints par le coronavirus. Chacun d’eux a développé une forme légère du Covid-19 ne nécessitant pas d’hospitalisation. Ils ont été suivi pendant un mois et la présence des anticorps dans leur organisme est incontestable. “On a retrouvé des anticorps chez la quasi totalité d'entre eux : 159, sur 160, précise à France Inter le professeur Arnaud Fontanet, de l’Institut Pasteur qui a mené l’étude. Plus intéressant, on recherchait les anticorps neutralisants dont on sait qu'ils sont protecteurs contre, par exemple, une réinfection. Et là, à partir d'un mois, on en trouve chez 98% des personnes qui avaient été infectées par le SARS-CoV-2”, ajoute-t-il.
La présence de ces anticorps confirmée, une autre observation a conforté les chercheurs : l’augmentation constante au fil du temps de l’activité de ces anticorps. “D'une part, le taux d'anticorps augmente au cours du temps et ces anticorps ont également une activité dite neutralisante dans des tests de culture cellulaire, précise le professeur Olivier Schwartz, directeur de l'unité virus et immunité de l’Institut Pasteur, à Franceinfo. Cela veut dire que ces anticorps sont capables d'inhiber, de bloquer la multiplication du virus. Là encore, on a observé une tendance à l'augmentation au cours du temps de cette activité neutralisante.”
Déterminer l’immunité des asymptomatiques
La durée totale de l’immunité face à une réinfection reste à préciser. “Le fait d'avoir des anticorps protecteurs un mois après le début des signes, laisse entendre que, très vraisemblablement, ils sont protégés contre une réinfection s'ils étaient à nouveau exposés au coronavirus”, insiste le professeur Arnaud Fontanet. Pour les patients qui ont développé une forme légère du virus, les chercheurs estiment cette protection immunitaire “de quelques semaines à quelques mois”. À titre de comparaison, le professeur Olivier Schwartz rappelle “qu'avec l'infection de l'autre Sars Coronavirus, qui avait été isolé en Asie et qui avait fait une petite épidémie en 2003, à Hong Kong en particulier, les anticorps peuvent persister jusqu'à 2 ans.”
Concernant les patients qui ont développé des infections plus sévères, une étude est en cours pour déterminer la durée de l’immunité. “De nombreuses autres études dans la littérature montrent que chez ces personnes, il y a plus d'anticorps qui apparaissent et de façon plus précoce, note le professeur Olivier Schwartz. Pour ceux qui ont développé des formes asymptomatiques, on est dans un cas de figure différent. On estime qu'il y a entre 20 et 40% des individus qui ont rencontré le virus, qui ne vont même pas s'apercevoir qu'ils ont été infectés et donc c'est très important maintenant de caractériser chez ces personnes dites asymptomatiques la quantité d'anticorps, et s'ils ont leur fonction neutralisante”, conclut-il.