Avec la réouverture de certaines plages, les Français retrouvent la mer ou l'océan, certes, mais, surtout… les déchets qui vont de pair avec l'écume des vagues. Lors d'une sortie dans la baie de Golfe Juan (Alpes-Maritimes) le 23 mai, l'association Opération mer Propre a constaté la présence de pollution liée à la Covid-19 dans les fonds marins.
Au total, les plongeurs ont récupéré près de 200 litres de déchets divers, 62 bouteilles, 2 sceaux, un plot de chantier et une fontaine à eau – tous en plastique. Malheureusement, il s'agit de déchets "classiques". Or, se sont ajoutés 4 gants en latex et 5 masques de protection jetables. À Antibes, le même jour, ils atteignaient respectivement le nombre de 10 et 4.
Il faut seulement quelques heures au masque pour atterrir dans le milieu marin
Ce phénomène ne se limite pas à la Méditerranée. Comme le rapporte franceinfo, des masques ont déjà été retrouvés sur les plages des îles Solo, au large de Hong Kong, à la fin du mois de février par l'ONG Oceans Asia. "Cela souligne le fait qu'il faut seulement six à huit semaines pour qu'un nouvel objet, introduit en masse dans notre société, se retrouve dans l'environnement", déplore Gary Stokes, le directeur des opérations, interrogé par nos confrères.
Le 20 mai, François Galgani, océanographe au sein de l'Ifremer, alertait sur l'importance de se débarrasser de son masque avec ses ordures ménagères. "En fonction de l'endroit où il est jeté", un masque peut se retrouver "en seulement quelques heures dans le milieu marin", prévenait-il sur LCI. Si certains élus s'emparent du sujet, à l'instar d'Éric Pauget, député (LR) de la 7e circonscription des Alpes-Maritimes – qui demande une amende de 300 euros à l'encontre des personnes jetant leur masque dans la nature – le problème va plus loin.
L'activité des usines d'emballage plastique en hausse de 30%
En effet, outre l'utilisation des masques, la production d'objets à usage unique en plastique a considérablement augmenté avec la crise sanitaire. Selon franceinfo, qui se fait l'écho d'Emmanuel Guichard, le délégué général d'Elipso, les usines d'emballage plastique ont accéléré leur activité de 30%. D'après l'industriel, les flacons fabriqués pour contenir le gel hydroalcoolique sont les premiers objets pour lesquels il y a eu des tensions, nécessitant un doublement de la production.
"Avec le confinement, des millions de Français ne mangeaient plus à l'extérieur mais chez eux, a-t-il encore indiqué à nos confrères. Il y a donc eu un report énorme, des produits emballés en grande quantité pour la restauration, vers plus de petits produits acheminés en supermarchés. Pour la même quantité d'aliments, il y a eu plus d'emballages".
Les nouveaux besoins en plastique ne devraient pas compenser la baisse des dernières années
Visières de protection, plaques de Plexiglas, recours au suremballage par certains supermarchés… L'usage du plastique resurgit avec la pandémie de Covid-19, malgré ses méfaits connus sur l'environnement. Néanmoins, il ne devrait pas se généraliser une fois la crise terminée.
De même, selon le directeur général de Plastics Europe, Éric Quenet, sollicité par franceinfo, les besoins supplémentaires ne devraient pas compenser la baisse des années précédentes pour l'industrie plastique. "Globalement, la demande en France sera inférieure à l'an dernier", a-t-il estimé. Espérons seulement que la tendance au recyclage soit à la hausse chez la population.