- L'OMS estime que l'épidémie grippale a été ralentie par celle du Covid-19
- Le confinement, la distanciation sociale et les gestes barrière ont pu limiter sa progression
- La peur de certains malades de se rendre à l'hôpital pendant le confinement peut néanmoins fausser les chiffres
C'est le genre d'information qui donne tout son sens à l'expression “c'est un mal pour un bien”. En effet, si le nouveau coronavirus a déjà fait plus de 350 000 morts dans le monde, il semblerait que son ascension ait fait reculer la grippe saisonnière. Les périodes de confinement instaurées dans plusieurs pays, la distanciation sociale et l'application des gestes barrière auraient eu raison de l'épidémie de grippe, estime l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui suit son évolution grâce au réseau FluNet.
Moins de cas, moins de morts
“Globalement, l'activité grippale est moins importante que prévue pour cette période de l'année. Dans la zone tempérée de l'hémisphère Nord, une forte baisse de l'activité grippale a été observée ces dernières semaines, tandis que dans les zones tempérées de l'hémisphère sud, la saison grippale n'a pas encore commencé”, informe l'OMS dans un communiqué, se basant sur les résultats de 150 000 échantillons de laboratoires nationaux de grippe dans 71 pays différents.
Selon la revue scientifique Nature, “la fin précoce de la saison de la grippe survient malgré le fait qu'elle ait commencé avec force. En janvier, avant la pandémie de coronavirus, la saison grippale s'annonçait comme la plus grave depuis des décennies.”
A Hong Kong par exemple, la période épidémique de grippe a été plus courte de 63,2% que celle des cinq dernières années et le nombre de décès enregistré chez les adultes contaminés était 63,3% moins élevé que les bilans antérieurs, rapporte une étude publiée dans le BMJ. “Des réductions drastiques de diverses infections virales respiratoires ont également été notées à Hong Kong lors de l'épidémie de SRAS en 2003”, observent les chercheurs.
L'abstinence des populations à consulter un médecin
Certaines données sont néanmoins à prendre en compte : de nombreuses personnes, de peur d'être infectées par le Covid-19 ont préféré éviter les hôpitaux durant la période de confinement. D'autres, sachant qu'elles n'avaient pas les symptômes du nouveau coronavirus, ont opté pour l'automédication à domicile.
Selon un sondage Ipsos, 51% des Français ont par exemple renoncé à au moins une consultation médicale en ville ou à l'hôpital et 46% ne se sont pas rendus à un rendez-vous prévu avec leur médecin généraliste (28%) ou spécialiste (26%). Une tendance observée chez les patients atteints de diabète (52% contre 51% pour l’ensemble des patients chroniques), de cancer (51%), de maladie respiratoire (52%) ou encore d’hypertension artérielle (51%). Il ne fait donc aucun doute que certains patients ayant contracté la grippe aient pu s'abstenir de consulter un médecin.
Comment différencier le nombre de décès de la grippe saisonnière et de l'épidémie de Covid-19 ? Selon l'Insee, “il faudra du temps pour dresser un bilan statistique rigoureux des conséquences du virus sur la mortalité en France, comme dans le monde”, mais il semblerait que “concernant l’épidémie de grippe hivernale 2019-2020, il n’a pas été observé d’excès de mortalité toutes causes confondues jusqu’au début du mois de mars.”
En France, la grippe touche environ 2,5 millions de personnes chaque année et provoque entre 4 000 à 6 000 décès par an, majoritairement chez les personnes de 65 ans et plus.