Environ 100 000 personnes, dont 700 enfants sont atteints de sclérose en plaques (SEP) en France. Invalidante et douloureuse, cette maladie dégénérative affecte simultanément des zones disséminées au sein de la substance blanche du cerveau et de la moelle épinière. C'est-à-dire que le système immunitaire, habituellement impliqué dans la lutte contre les virus et les bactéries, s’emballe et attaque la myéline, la gaine protectrice des fibres nerveuses qui permet au cerveau de transférer des messages aux différentes parties du corps.
Une seule maladie, sous plusieurs formes
Si le cas de chaque patient est unique, on définit trois formes évolutives :
- la sclérose en plaques dite “bénigne” qui évolue par poussées espacées de 10 ou plus. Certains patients ne vivent qu'une seule poussée au cours de leur vie et ne seront jamais diagnostiqués tant les séquelles et la gêne fonctionnelle sont inexistantes. Cette forme de SEP toucherait entre 20 et 30% des patients confirmés — ce bilan ne pouvant comptabiliser ceux qui s'ignorent.
- la sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP RR) concerne 80 à 85% des patients et évolue par poussées aiguës entrecoupées de phases de rémission (c'est-à-dire sans symptôme).
- la sclérose en plaques progressive-primaire (SEP-PP) est plus rare et concerne 10 à 15% des patients. Elle évolue rapidement, sans période de rémission.
Réduire la progression de la maladie
Actuellement, aucun traitement ne permet de guérir la sclérose en plaques, mais les progrès réalisés ces dernières années ont permis d'isoler des molécules capables de retarder la progression de la maladie. Le principe général de la prise en charge actuelle d'une SEP consiste à traiter les poussées pour réduire la phase inflammatoire, puis de prévenir les récidives avec un traitement de fond et de soulager les complications (douleurs, fatigues, troubles urinaires…). Différents traitements de fond ont démontré leur efficacité pour réduire la fréquence des poussées. Ce faisant, ils peuvent retarder ou réduire le nombre de lésions et donc le handicap.
Les traitements de fond appartiennent à deux catégories : les immunomodulateurs (interférons ß, acétate de glatiramère), qui vont moduler ou suspendre l’activité du système immunitaire et les immunosuppresseurs, qui vont bloquer ou supprimer les cellules immunitaires. Parmi les immunosuppresseurs, on retrouve des anticancéreux comme la mitoxantrone, des anticorps monoclonaux comme le rituximab, l’alemtuzumab ou le natazilumab et un immunosuppresseur sélectif comme le fingolimod.
L'effet “spectaculaire” d'un traitement contre le diabète
Fin 2019, une étude portant sur l'efficacité d'un médicament contre le diabète pour ralentir l'évolution de la SEP de façon “spectaculaire” a été publiée dans la revue Cell Stem Cell. Après trois semaines de traitement, la myéline des souris testées était parfaitement rétablie. Les chercheurs voudraient donc utiliser la Metformine pour rajeunir les cellules souches, afin de les transformer en cellules productrices de myéline pour lutter contre la sclérose en plaques.
Des premiers tests sur des patients humains sont prévus d’ici un an. “C’est toujours un saut dans l'inconnu quand on passe d’expériences en laboratoire à des êtres humains. Mais les données sont solides et convaincantes. Je suis très optimiste”, a expliqué au journal The Guardian le professeur Robin Franklin, auteur de l’étude.
La greffe de cellules hématopoïétiques
Quelques patients ont décidé de tenter une greffe de cellules-souches dans un hôpital de Moscou (Russie). C'est notamment le cas de Fouzi Bouraghda, 31 ans, atteint de SEP depuis 5 ans. “Je préfère tenter ma chance avant que la dégénérescence soit trop avancée. Je sens la maladie progresser. Pour moi, cette greffe de cellules-souches est ma dernière chance”, confiait-il à 20 Minutes en novembre 2019.
En France, ce traitement a été administré à quelques patients mais présente encore trop de risques pour l'étendre à tous les patients: “Une dizaine de personnes ont subi ce type de greffe dans nos services à Lille. Ça fonctionne, mais c’est un traitement très lourd et qui peut se révéler dangereux. Trois patients ont passé des semaines en réanimation”, explique à nos confrères le professeur Patrick Vermersch, neurologue expert de la maladie au CHRU de Lille.
Des études sont menées dans le monde entier pour mieux comprendre la sclérose en plaques, mettre au point un traitement curatif, ou trouver le moyen de favoriser les mécanismes de réparation de la myéline.