- Une mauvaise utilisation des coupes menstruelles peut provoquer un syndrome de choc toxique
- La DGCCRF alerte sur le fait que les utilisatrices sont mal informées des risques
- L'Anses demande aux fabricants de limiter leur utilisation de substances chimiques
A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) alerte sur les dangers liés à l'usage des coupes menstruelles, qui comme les tampons, peuvent provoquer un syndrome de choc toxique (STC) si elles sont mal utilisées.
Des utilisatrices mal informées des risques
Lors d'une enquête menée en 2019 sur “la sécurité des coupes menstruelles”, 26 opérateurs commercialisant les principales références de ces produits sur le marché français et 19 références ont été contrôlés, “notamment pour vérifier la clarté et la visibilité des avertissements concernant le risque de choc toxique et les précautions d’utilisation à prendre pour l’éviter sur les étiquetages et les notices”. Des analyses physico-chimiques ont également été réalisées sur 9 échantillons de produits “par le service commun des laboratoires (SCL) pour vérifier l’absence de libération de substances chimiques préoccupantes, telles que les phtalates et autres plastifiants”, explique la DGCCRF.
Résultat : aucune anomalie liée à la fabrication et à la composition des coupes n'a été observée. En revanche, “l’information des utilisatrices est disparate d’une marque à l’autre et est rarement conforme à l’intégralité des recommandations préconisées”, note la DGCCRF. La durée d'utilisation inscrite sur le produit varie en effet de 4h à 12h selon la marque et “l’utilisation de nuit est presque toujours indiquée comme possible, voire recommandée”, quand les recommandations de l'Anses évoque une durée maximum de 6 à 8h. De même, un tiers des références contrôlées ne fournit aucune information sur le risque de choc toxique, pourtant potentiellement mortel.
La présence des substances chimiques
Les analyses ont bien révélé “la présence de substances chimiques dans les tampons et les coupes menstruelles, mais sans dépassement des seuils sanitaires”, rapporte de son côté l'Anses, recommandant tout de même aux fabricants “d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques”.
Enfin, les autorités sanitaires préconisent une information plus claire sur le risque de choc toxique à destination des jeunes filles et des professionnels de santé. En effet, “le risque de développer ce syndrome causé par une toxine bactérienne est lié aux conditions d’utilisation de toutes les formes de protections périodiques internes”. En janvier dernier, une jeune fille de 17 ans est décédée en Belgique des suites d’un choc toxique lié à l’utilisation d’un tampon. En 2017, une Canadienne de 16 ans est décédée dans son sommeil lors d'un voyage scolaire des mêmes raisons. En 2015, une mannequin a été amputée de la jambe à cause d'un STC lié à l'utilisation d'un tampon.
Mieux comprendre le syndrome de choc toxique
Le STC est une maladie infectieuse aiguë provoquée par la pénétration des toxines du staphylocoque dans le sang. Il peut rapidement affecter plusieurs organes différents y compris le foie, les poumons et les reins. Sa progression rapidement nécessite des soins d'urgence. Les tampons hygiéniques, mêmes bios, ainsi que les coupes menstruelles doivent être changés régulièrement.
Le professeur Gérard Lina nous expliquait en 2017 que “le staphylocoque doré est naturellement présent dans le vagin. La toxine se multiplie pendant les règles en présence d’un tampon, ce qui crée parfois une confusion”. Or, pour qu’un choc toxique se produise, “il faut des fluides menstruels et un blocage qui s’y oppose. Les fluides servent en quelque sorte de milieu de culture. Si la protection périodique est portée trop longtemps, le risque de développement du staphylocoque augmente. Plus le tampon [ou la coupe menstruelle, NDLR] a une forte capacité absorbante, plus le risque est élevé.”