“La santé scolaire souffre d’une pénurie de médecins”. Dans un rapport paru mercredi 27 mai, la Cour des comptes épingle les failles de la santé scolaire en France. Ainsi, moins d’un enfant sur cinq aurait bénéficié de la visite médicale dès 6 ans l’an dernier alors qu’elle est en principe universelle. “Les performances en termes de dépistages obligatoires, moments-clés du parcours de santé des élèves, sont très en deçà des objectifs, en raison d'une organisation défaillante (…) Une réorganisation complète, assortie d’une révision des méthodes de travail, s’avère indispensable”, tranchent donc les Sages de la rue Cambon.
C'est la réorganisation des méthodes de travail qui est visée, car le problème n’est pas financier. Dotée de 1,26 milliard d’euros en 2019, le nombre d’employés du secteur est en hausse de 12% depuis 2013. Cependant, si la santé scolaire compte 20 000 équivalents temps plein, dont 8 000 infirmières, des psychologues et des assistants sociaux, elle regroupe moins d’un millier de médecins et un tiers des postes reste vacant.
“L’activité des médecins (…) est largement absorbée par les bilans de santé individuels obligatoires et l’adaptation de la scolarité des élèves à besoins éducatifs particuliers, en situation de handicap ou atteints de pathologies chroniques”, est-il écrit dans le rapport. Ainsi, en 2018, le taux d’encadrement des élèves était donc d’un médecin pour 12 572 enfants. Il a donc “chuté dans 75 départements et dans 31 d’entre eux au-delà de 40 %.”
“Revenir à une vision globale”
Pour attirer les médecins sur ces postes vacants, “une revalorisation salariale significative est indispensable”, estime la Cour. “La rémunération des médecins de l'éducation nationale est peu attractive : ce sont les médecins fonctionnaires les plus mal payés ! Un médecin scolaire débutant est rémunéré moins de 2000 € par mois", explique au Journal des femmes la médecin scolaire Marianne Barré, dans un article consacré au sujet.
“En fait, la santé scolaire souffre des failles de son organisation et de son défaut de pilotage. Preuve en est que la corrélation entre taux de réalisation des visites et taux d’encadrement sanitaire est loin d’être systématique : les taux de réalisation de la visite de 6e année peuvent être équivalents pour des départements dont la charge de dépistage par médecin va du simple au double, voire au triple ; les taux de réalisation des bilans de la 12e année ne sont pas corrélés aux ressources en personnels infirmiers. Cette situation s’explique par l’opacité de l’exercice des activités et le cloisonnement des personnels et des services, deux facteurs qui limitent fortement la conduite de l’action publique”, expliquent les Sages de la Cour des comptes dans leur rapport.
Par conséquent, “la Cour recommande de revenir à une vision globale de la gestion de la santé scolaire et de ses personnels”. Les Sages proposent donc de créer un service de santé scolaire dans chaque rectorat en confiant sa direction à un inspecteur d’académie.
Pour atteindre leurs objectifs, les services de santé scolaire doivent collaborer avec les Agences régionales de santé (ARS) et leurs délégations départementales, Assurance maladie, collectivités territoriales, associations de prévention, encourage la Cour des comptes. “En l’état actuel de la démographie médicale, il est illusoire de penser que les objectifs nationaux de dépistages peuvent être atteints sans la construction de tels liens”, conclut la Cour des comptes.
Suivre la santé des enfants et leurs aptitudes à apprendre
La médecine scolaire est un service public dirigé par le ministère de l’Education nationale. La fonction du médecin relève ici à la fois de la santé individuelle et de la santé publique. Il n’est pas là pour soigner mais pour intervenir dans les écoles dans un but préventif et éducatif. Il suit la santé des enfants et leurs aptitudes à apprendre en préconisant des soins et adaptations de scolarité quand cela est nécessaire.
Ses missions regroupent donc le dépistage d’éventuelles pathologies et troubles des apprentissages, l’intégration scolaire des élèves à des besoins particuliers si ces derniers sont par exemple en situation de handicap ou souffrent de maladie chronique, et enfin le signalement d’éventuelles situations de maltraitance. Le médecin scolaire est également censé sensibiliser les élèves à la santé, l’hygiène et la sécurité. En conclusion, son rôle est donc de faire le lien entre l’enfant, sa famille l’établissement scolaire et les différents professionnels de santé qui le prennent en charge.