Des diarrhées, des constipations, des ballonnements et des douleurs abdominales : ce sont les principaux symptômes de la colopathie fonctionnelle aussi appelée syndrome de l’intestin irritable (SII) ou syndrome du côlon irritable. Les causes de la maladie sont diverses et la science a identifié plusieurs facteurs de risque, dont le stress ou la dépression. À Toulouse, une équipe de recherche a découvert que l’alimentation peut avoir des conséquences sur ce trouble : certains aliments aggravent les douleurs intestinales.
La fermentation des sucres en cause
Dans la revue spécialisée Gastroenterology, les chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, de l’École d’ingénieurs de Purpan et du Centre de recherches sur la cognition animale de Toulouse, présentent leurs travaux qui ont duré 5 ans. Les sucres fermentescibles par le microbiote intestinal contribuent à développer ces symptômes. Généralement appelés FODMAPS, ils se trouvent notamment dans les fruits, les légumes ou les produits laitiers.
L’ail, l’oignon ou les asperges peuvent augmenter les douleurs
Les scientifiques se sont intéressés à deux métabolites produits par le microbiote à partir de lactose et d’un sucre complexe, le fructo-oligosacchride. Pendant trois semaines, les rongeurs ont consommé du lactose et le sucre complexe dans des proportions équivalentes à une quantité modeste chez l’homme. Leurs douleurs viscérales ont augmenté et leur muqueuse intestinale s’est modifiée : les chercheurs ont trouvé de nombreuses cellules immunitaires, comme celles présentes dans la muqueuse des patients atteints du SII. Pour les chercheurs, ce sont les substances produites par les FODMAPs, ici le sucre complexe et le lactose, qui provoquent les douleurs. “Nous avons constaté que ces petits sucres créent des produits issus de la fermentation par le microbiote intestinal qui ont un effet secondaire sur le bien-être digestif, indique Hélène Eutamène à 20 Minutes. (…) La consommation d’aliments comme du blé, des oignons, des petits pois, de l’ail ou des asperges, ainsi que les produits laitiers, est susceptible de donner des douleurs abdominales aux patients SII.” En administrant un inhibiteur spécifique aux souris, ils ont supprimé la douleur et l'augmentation du nombre de cellules immunitaires. Cette expérience ouvre des pistes pour la mise au point d’un traitement.
Plusieurs pistes pour soulager les symptômes
Sur son site, la Société nationale française de gastro-entérologie explique que la limitation des FODMAPs dans l’alimentation fait partie des pistes de traitement de la maladie : cela serait efficace pour un patient sur deux. La prise de probiotiques, l’activité physique, les médicaments antispasmodiques contribuent également à la réduction des symptômes. Au total, entre 5 et 10 % de la population française serait concernée par le syndrome de l’intestin irritable. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.