Dans le monde, le cancer de l’ovaire représente environ 4 % des cancers féminins et est responsable de plus de 5 % des décès par cancer. En effet, il est souvent découvert après l’âge de 60 ans à un stade tardif, ce qui rend son pronostic sombre, avec environ 3 500 décès pour 5 000 nouveaux cas par an en France. En 2018, 5 200 nouveaux cas avaient été diagnostiqués, plaçant ce cancer au cinquième rang des cancers féminins. Parmi les malades, environ 20% d’entre elles présentent une mutation des gènes BRCA (un phénomène que l’on retrouve également chez les femmes atteintes d’un cancer du sein) et sont donc prédisposées génétiquement.
D’après une étude présentée en amont de l'American Society of Cancer Oncology (ASCO), le plus grand congrès américain consacré au cancer qui se déroulera virtuellement du 29 au 31 mai, l’utilisation d’un certaine molécule améliorerait la chance de survie des femmes atteintes de cette mutation. Il s’agit de l’olaparib, présente dans le médicament Lynparza, commercialisés par les laboratoires Astra Zeneca et Merck. Il fait partie de la famille des inhibiteurs de PARP ou poly(adénosine diphosphate-ribose) polymérase.
Pour cette étude, nommée Solo-2 à laquelle la France a participé, les chercheurs ont suivi 295 femmes en rechute d’un cancer de l’ovaire. Les participantes avaient initialement été traitées par des chimiothérapies à base de platine et présentaient des mutations au niveau des gènes BRCA ½. Les scientifiques les ont réparties en deux groupes. Le premier a reçu de l’olaparib et l’autre un placebo. Cinq ans plus tard, 42,1% des femmes traitées avec cette molécule étaient encore en vie contre 33,2% de celles de l’autre groupe. Ainsi, cette l’olaparib permettrait de prolonger la survie des patientes de plus d’un an.
« Une avancée significative »
“Cette étude confirme que l'olaparib devrait être le traitement d'entretien standard pour les patientes atteintes d'un cancer de l'ovaire en rechute lié au BRCA 1/2 et répondant à une chimiothérapie à base de platine. Soit une avancée significative pour les femmes atteintes de ce type de cancer dont le pronostic est historiquement mauvais”, commente le Dr Richard L Schilsky, vice-président de l'Asco 2020 et cancérologue.
Actuellement, l’olaparib est approuvé dans de nombreux pays pour traiter les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire récidivant sensible au platine, quel que soit le statut de la mutation BRCA. Son efficacité a d’ailleurs déjà été remarquée dans le traitement du cancer du pancréas ou du sein.
Les inhibiteurs de la PARP sont des molécules de plus en plus utilisées dans le traitement des cancers, surtout du sein et de l’ovaire pour les patientes porteuses de mutation germinale du gène BRCA. "Dans la cellule BRCA mutée, si on bloque la PARP, on aboutit à une quasi incapacité à réparer l’ADN de la cellule cancéreuse qui va finir par mourir du fait de l’accumulation des anomalies ADN", expliquait le Dr Philippe Montereau dans un article paru sur Pourquoi Docteur au sujet de l'essai Solo-1 l'année dernière.