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Prévention

Cancer de la thyroïde : plus d'un million de diagnostics inutiles

Par Anaïs Col

Une récente étude dénonce les diagnostics inutiles de cancers de la thyroïde dans 26 pays du monde entre 2008 et 2012. 

AlexRaths /istock
83% des cancers de la thyroïde étaient surdiagnostiqués en France entre 2008 et 2012
Plus de 220 000 hommes et 830 000 femmes auraient eu un cancer de la thyroïde surdiagnostiqué entre 2008 et 2012
Ce diagnostic inutile concernerait 83% des Françaises touchées sur cette même période
Le traitement de référence d'un cancer de la thyroïde est la chirurgie

Plus d'un million de personnes dans le monde auraient eu un cancer de la thyroïde surdiagnostiqué entre 2008 et 2012, selon une étude menée par l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la recherche sur le cancer et publié dans The Lancet, c'est-à-dire un cancer asymptomatique détecté lors d'un examen de dépistage mais qui n'aurait jamais eu de manifestation clinique du vivant de la personne concernée. 

"Nous avons analysé les données les plus récentes et de haute qualité provenant des registres de cancérologie de 26 pays de quatre continents", expliquent les chercheurs. Plus de 220 000 hommes et 830 000 femmes pourraient avoir été surdiagnostiqués sur cette période, dont environ 390 000 en Chine, 140 000 en Corée du Sud, 120 000 aux Etats-Unis, 31 000 en Italie et 25 000 en France. La proportion estimée de cancers de la thyroïde surdiagnostiqués chez les Françaises entre 2008 et 2012 serait de 83%.

Selon les chercheurs, ce phénomène est "la conséquence directe d'une surveillance accrue de la glande thyroïde et de l'introduction de nouvelles techniques de diagnostic (échographie du cou, tomodensitométrie et IRM) qui peuvent permettre de détecter un grand nombre de tumeurs non mortelles".

Les conséquences d'une ablation de la thyroïde

La chirurgie est le traitement de référence du cancer de la thyroïde, quelle que soit sa forme (papillaire, folliculaire, médullaire), c'est-à-dire l'ablation de la thyroïde. Outre la douleur qu'elle génère, l'ablation de la thyroïde peut engendrer des paralysies récurrentielles pendant quelques jours à quelques semaines, à cause de l’atteinte du nerf récurrent qui se trouve derrière la thyroïde.

Cet effet secondaire indésirable peut altérer la voix et provoquer des troubles de la déglutition. Les patients opérés peuvent aussi avoir "des hypoparathyroïdies, une insuffisance en parathormone, une hormone qui régule le calcium dans l’organisme", explique la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.

A long terme, les principales conséquences sont esthétiques (dues à la cicatrice dans le cou) et fonctionnelles : "la thyroïde ayant été retirée, les patients présentent ensuite une hypothyroïdie, c'est-à-dire d’une insuffisance en hormones thyroïdiennes. Cette pathologie impose un traitement à vie, par administration d’une hormone de substitution, la L-thyroxine ou lévothyroxine".

C'est pourquoi les chercheurs soulignent l’urgence de suivre de près l’évolution mondiale du surdiagnostic et "l’impact des récentes directives, qui recommandent désormais explicitement de ne pas dépister le cancer de la thyroïde chez les personnes sans asymptomatiques".