Il aura fallu d'une crise pour que leur rêve le plus fou se concrétise. Ce vendredi 29 mai, Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique, a organisé une conférence de presse avec les acteurs impliqués dans le dernier plan vélo pour faire le point après ces trois semaines de déconfinement. "Inédit", "historique", "point de bascule" les intervenants ne savent plus quel adjectif utiliser pour décrire la transformation en cours. "En quelques mois, nous gagnons plusieurs années de politique cyclable", introduit sobrement la ministre devant les journalistes ayant fait le déplacement.
Le premier bilan de la petite Reine depuis le 11 mai ? Une forte mobilisation des collectivités territoriales qui ont créé 1 000 km de pistes cyclables temporaires. Mais c'est surtout le "coup de pouce réparation" qui attire l'attention. Selon "les derniers chiffres", plus de 70 000 vélos ont bénéficié des 50 € de subvention de l'État pour une réparation ou achat de pièces. Un "succès fulgurant" qui ne semble pas se tarir puisque selon la ministre le "rythme quotidien ne cesse d'augmenter." Un engouement qui transporte Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). "Ce coup de pouce a permis de pointer qu'il n'y a pas assez de réparateurs de vélo en France, explique-t-il. Si on veut atteindre notre objectif de tripler le nombre de cyclistes il faut doubler ou tripler le nombre de réparateurs et jusqu'à présent nous n'étions pas sur la bonne trajectoire." Or le plan vélo annoncé en avril prévoit la création d'une Académie des métiers du vélo qui doit former dès cet été 250 réparateurs et 500 les prochaines années.
Plus d'aides à la réparation et à l'achat de vélo électrique
Face à ces premiers résultats, le gouvernement se sent pousser des ailes et lance de nouvelles mesures pour les citoyens. Élisabeth Borne assure vouloir "permettre la réparation d'1 million de vélos d'ici la fin de l'année." De même, l'exécutif veut "simplifier" l'achat de vélos électriques : "l'État doublera toute aide d'une collectivité pour l'achat d'un vélo à assistance électrique jusqu'à 200 € supplémentaires" ajoute-elle.
Pour cela, le fond vélo, créé en avril dernier, a vu sa dotation tripler et augmenter de 20 à 60 millions d'€. Autre bénéficiaire de ces largesses : les collectivités territoriales. Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables, assure qu'il existe un engouement pour le vélo au-delà des centres urbains. À sa grande surprise de nombreuses petites et moyennes communes, sans métro ou transports en commun, ont sollicité leur aide pour mettre en place des plans d'actions en faveur du vélo. Pour répondre à ces nouvelles attentes, le gouvernement a notamment prévu - en plus des mesures déjà proposées lors du dernier plan vélo comme la subvention à 60 % des places de stationnements temporaires pour vélo - le lancement d'un appel à projet le mois prochain pour aider les mairies, agglomérations ou départements entre autres, à "transformer les pistes temporaires en pistes définitives."
Pourtant, le programme "remise en selle" qui finance une session d'aide à la circulation en ville et des conseils de sécurité routière et annoncé en avril n'est pas encore effectif. Les acteurs promettent un lancement ces prochains jours et ce dispositif semble susciter l'intérêt du public. Le gouvernement espère transformer la France en "une Nation du vélo" pour les bénéfices économiques, écologiques et sanitaires de cette pratique sur les citoyens, d'autant plus que "60 % des déplacements font moins de 5 km". Pour cela, Élisabeth Borne a annoncé vouloir créer une fête nationale du vélo en mai 2021. De quoi permettre aux vélos de tracer leur route.