Paquet neutre, augmentations régulières du prix du tabac, opération Mois sans tabac, cigarettes électroniques, campagne de sensibilisation, remboursement des substituts nicotiniques... la politique anti-tabac des derniers gouvernements semble porter ses fruits : "on n'est pas loin de 2 millions de fumeurs en moins depuis 2016, nous explique François Bourdillon, médecin spécialiste de santé publique et directeur général de Santé publique France de 2016 à 2019. Ce qui inclut les fumeurs qui ont arrêté de fumer et les jeunes qui n'ont jamais commencé. Là est le vrai succès : d'éviter à des jeunes d'entrer dans l'addiction au tabac".
Avant 2016, bien que l'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine avait fait de la lutte contre le tabagisme une de ses priorités et que de nombreuses actions avaient été engagées, les résultats n'étaient pas probants : "le paradoxe de la France était de s’être dotée d'instruments législatifs, réglementaires et politiques inspirés de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), mais cela reste inefficace".
Le tabac séduit moins les jeunes
Aujourd'hui "la ligne politique est tracée et droite", parce que "cohérente", estime François Bourdillon : "on observait un faussé entre les étudiants et les catégories socio-professionnelles aisées qui semblaient sensibles aux campagnes que l'on menait et les chômeurs et les catégories socioprofessionnelles défavorisées qui semblaient peu réceptifs. Aujourd'hui, non seulement l'écart ne se creuse plus, mais il diminue". Les disparités en matière de lutte tabagique semblent donc se réduire entre les différentes catégories sociales.
Chez les jeunes, le tabac séduit moins et apparait comme quelque chose de "ringard". La tendance est au vapotage, qui est passée de 3% à 4,8% en 2 ans. Attention cependant, "le vapotage est un moyen de sevrage et ne doit pas devenir une addiction à son tour", prévient le médecin.
L'impact du confinement sur la consommation tabagique
Selon les chiffres de La Ligue contre le cancer, en 2019, 30,4% des Français âgés de 18 à 75 ans ont déclaré fumer, au moins occasionnellement, contre 34,3% cinq ans plus tôt. La France compte 28,7% de fumeurs occasionnels, 22,6% de fumeurs quotidiens et si 20,7% des femmes fument tous les jours, elles sont de plus en plus nombreuses à arrêter : durant la seule année 2018, le tabagisme féminin a diminué de 2%.
Consciente des progrès parcourus ces dernières années en matière de lutte contre le tabac, la Ligue appelle à ne pas relâcher les efforts alors que plus d'un quart des fumeurs ont augmenté leur consommation pendant le confinement. Selon Santé Publique France, "cette hausse, corrélée au risque d'anxiété et de dépression, est en moyenne de 5 cigarettes par jour, principalement auprès des 25-34 ans, travaillant à domicile (41%)".
A l'occasion de cette Journée mondiale sans tabac, la Ligue souhaite rappeler que :