Le tépotinib sera peut-être un jour une alternative à la chimiothérapie traditionnelle pour traiter certains types de cancer du poumon. Selon une étude menée par les chercheurs du MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas, cette thérapie ciblée pourrait être efficace pour traiter les patients atteints de cancers broncho-pulmonaires de type “non à petites cellules” présentant une altération de l’exon 14 du gène MET. Les résultats de l’essai clinique, présentés lors de l’édition 2020 du congrès de la Société américaine d'oncologie clinique (ASCO20 Virtual Meeting, du 29 au 31 mai) et publiés cette semaine dans le New England Journal of Medicine, sont prometteurs. Les 152 participants, atteints d'une forme avancée de ce type de cancer du poumon, ont pris du tépotinib chaque jour par voie orale. Après neuf mois, 99 d’entre eux avaient un taux de réponse positive au traitement de 46,5% évaluée sur 11,1 mois.
Une nouvelle thérapie par voie orale
La majorité des cancers broncho-pulmonaires sont de type “non à petites cellules”. Parmi les patients qui en sont atteints, moins de 5% présentent une altération de l’exon 14 du gène MET. Cela signifie que ces patients ont une mutation du gène MET qui engendre la perte de l’exon 14, ce qu’on appelle le saut de l’exon 14 du gène, qui stimule la croissance du cancer. L’âge moyen des patients est de 74 ans. Actuellement, ils sont traités par chimiothérapie traditionnelle, faute de traitement ciblé pour le type de cancer du poumon dont ils sont atteints. L’avancée majeure de cette étude est de prouver qu’une thérapie ciblée, avec du tépotinib, serait efficace. À terme, ils pourraient bénéficier d’un nouveau traitement qui détruit spécifiquement les cellules cancéreuses. Un avantage pour améliorer la qualité de vie de ces patients car le tépotinib est administré par voie orale.
Le tépotinib jugé révolutionnaire par la Food and drug administration
En général, les patients ayant pris du tépotinib indiquent une diminution de leur toux. La tolérance des participants au traitement semble encourageante. Seuls 11% d’entre-eux ont arrêté la prise de tépotinib à cause d’effets secondaires néfastes. D’autre part, les chercheurs ont utilisé la biopsie liquide pour identifier la réponse au médicament de 51 des participants. Ils sont 34 à présenter une réduction de la mutation du gène MET. “Nous sommes fiers d'ouvrir la voie dans notre travail pour fournir de nouveaux traitements aux patients”, s'est félicité John Heymach, l’un des co-auteurs de l’étude et cancérologue au centre MD Anderson au Texas. En septembre 2019 déjà, la Food and drug administration (FDA), instance qui autorise la commercialisation des médicaments sur le marché américain, a attribué au tépotinib la désignation de traitement thérapeutique révolutionnaire. Depuis mars dernier, l’utilisation de ce médicament a été approuvé au Japon comme première thérapie ciblée par voie orale pour ce type de cancer.