Chaque type de cancer a un microbiote tumoral spécifique, selon une étude publiée dans la revue Science. Les bactéries qui le compose sont présentes dans les cellules cancéreuses mais aussi dans les cellules immunitaires qui leur sont accolées. Les chercheurs ont étudié les deux pour déterminer le nombre et le profil des souches bactériennes de sept types de cancers. Il s’agit de ceux du sein, du poumon, des ovaires, du pancréas, de la peau, des os et du cerveau. Ils ont d’abord analysé 1 526 tumeurs de ces différents cancers, en triant les bactéries en fonction de leur matériel génétique - l’ADN et l’ARN - et de leurs protéines spécifiques, tout en prenant soin d’annuler leurs possibilités de contamination. Ils ont mis en évidence la présence de 9 190 espèces bactériennes dans les différents types de tumeurs.
Des bactéries vivantes
Mais toutes les tumeurs n’ont pas le même nombre de bactéries dans leur microbiote. Les chercheurs ont découvert que la proportion de tumeurs comprenant des bactéries est différente selon le cancer. Pour le cancer du sein, le microbiote des tumeurs se révèle alors plus riche et plus divers que celui des autres types de cancers. À titre d’exemple, dans un seul échantillon, les chercheurs ont découvert plus de seize espèces bactériennes différentes dans les tumeurs du cancer du sein. Tandis que celles des autres cancers n’en contenaient même pas neuf. D’autre part, les bactéries des cellules cancéreuses du sein étaient plus nombreuses et diversifiées que celles présentes dans les tissus normaux de cette zone. Les chercheurs ont aussi établi que ces bactéries étaient vivantes, présentes dans les cellules cancéreuses et dans les cellules immunitaires proches de la tumeur. Les bactéries ne peuvent donc se déplacer que par migration de ces deux types de cellules.
Mieux comprendre pour mieux soigner
Impossible, à ce stade de l’étude, de déterminer si ces bactéries jouent un rôle dans le développement du cancer ou si elles ne servent qu’à signaler l’infection de tumeurs établies. Difficile aussi d’établir la provenance des bactéries. La déficience du réseau vasculaire et la faible réponse immunitaire des tumeurs pourraient leur permettre de s’y installer. Elles pourraient également venir des tissus normaux adjacents ou être liées à l’emplacement dans lequel se trouvent les tumeurs.
À l’avenir, l’étude de ces bactéries pourraient être utile pour mieux comprendre la réponse aux traitements des patients. Par exemple, ceux atteints de cancer de la peau réagissent différemment au traitement des inhibiteurs des points de contrôles en fonction du nombre d’espèces de bactéries dans les mélanomes. Comprendre mais aussi influer. En manipulant le microbiote tumoral des patients, les chercheurs pourront peut-être un jour améliorer la réponse au traitement des patients et ainsi améliorer la prise en charge de certains cancers.