Chloroquine, plasma, kaletra... Depuis l'apparition du SARS-CoV-2, la course au traitement ne faiblit pas et tend même à s'accélérer. Une nouvelle piste présentée dans la revue The Lancet Rheumatology suscite une lueur d'espoir pour les formes les plus graves de la maladie. Dirigée par des médecins de l'hôpital Saint-Joseph à Paris et réalisée sur 52 patients atteints d'une forme grave de Covid-19 (avec un groupe contrôle de 44 patients), l'étude a administré pendant 10 jours par injection sous-cutanée un médicament initialement utilisé pour traiter les rhumatismes, connu sous le nom d'anakinra.
L'objectif de ce mode de traitement est de contrer un trouble appelé “orage cytokinique”, réponse inflammatoire incontrôlée observée dans les formes graves de pneumonie déclenchées par le Covid-19 et pouvant entraîner un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Le médicament anakinra est utilisé ici pour bloquer l'une des cytokines (agents du système immunitaire) appelée l’interleukine-1 (IL-1) et responsable de l'orage cytokinique.
Réduction des besoins en oxygène au bout de 7 jours
Au terme de l'expérimentation, les médecins qui ont supervisé les travaux ont constaté une “réduction statistiquement significative du risque de décès et de passage en réanimation pour assistance respiratoire par ventilation mécanique”. Dans le groupe expérimental, un quart des patients traités par anakinra est décédé ou a été placé sous assistance respiratoire, contre 73% chez les malades non traités par ce médicament. L'anakinra a également permis une réduction importante des besoins en oxygène des patients dans les 7 jours suivant l'administration du traitement, souligne l'étude.
Malgré des résultats probants, il ne s'agit toutefois que de premières expérimentations (douze essais cliniques sont actuellement en cours pour tester l'action de l'anakinra). “Il est urgent d'améliorer le pronostic des patients atteints d'orages cytokiniques. Pour ce faire, il est nécessaire de mieux faire connaître et reconnaître ces syndromes, grâce à une collaboration interspécialisée, à des registres internationaux multicentriques et à des essais contrôlés qui faciliteront l'élaboration de lignes directrices validées et fondées sur des preuves”, estiment les auteurs de la publication.
En avril dernier, les résultats d'un essai randomisé mené par l'AP-HP sur le tocilizumab- un inhibiteur du récepteur de l’IL6 habituellement utilisé dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde- a démontré une réduction statiquement significative du risque d’intubation et de décès chez les malades hospitalisés pour une pneumonie avec besoins en oxygène.