La République démocratique du Congo (RDC) fait face à sa onzième épidémie de fièvre hémorragique Ebola, suite à la détection d'un nouveau foyer de cas dans le nord-ouest du pays, alors même que la dixième épidémie est toujours en cours dans l'Est. Huit cas et quatre décès ont été recensés dans un quartier de Mbandaka, a annoncé le ministre de la Santé, Eteni Longondo, qui envisage de se rendre sur place dans les prochains jours.
“L’Institut national de recherche biomédicale (INRB) vient de me confirmer que les échantillons venus de Mbandaka sont positifs à la maladie à virus Ebola”, a-t-il déclaré, précisant que des médicaments et le vaccin leur seraient rapidement envoyés. Deux vaccins non homologués ont en effet été utilisés sur plus de 300 000 personnes dans l'Est du pays.
D'autres cas probables ont été détectés. La province de l’Equateur a déjà été touchée par le virus entre mai et juillet 2018 avec 54 cas confirmés et 33 morts : “C’est une province qui a déjà connu la maladie. Ils ont déjà des réflexes de ce qu’il faut faire. Ils ont déjà commencé la riposte au niveau local depuis hier.”
Un virus transmis par la chauve-souris
Depuis la réapparition du virus le 1er août 2018 dans le pays, 2 280 personnes ont trouvé la mort, faisant de cette nouvelle vague épidémique d'Ebola la deuxième plus grave de l'histoire. Découvert lors d'une première flambée épidémique en 1976, le virus Ebola se manifeste par des symptômes pseudo grippaux : fièvre, fatigue intense, douleurs musculaires, maux de gorge et de tête. La maladie évolue rapidement en provoquant vomissements, diarrhées, éruptions cutanées, une atteinte rénale et hépatique et dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.
Le réservoir naturel du virus Ebola serait la chauve-souris : “Les chauves-souris frugivores sont probablement les hôtes naturels du virus Ebola, explique l'Institut Pasteur. Le virus ne les rend pas malades mais il devient pathogène lors de l’infection d’autres animaux sauvages de la forêt tropicale (singes…). L’homme se contamine en manipulant ces animaux (viande de brousse, dépeçage,…). Le virus se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine.”
Ce qui rend ce virus particulièrement difficile à éradiquer, est qu'il peut encore se transmettre via le sperme plusieurs mois après la guérison du patient. “Les rites funéraires au cours desquels les proches du défunt sont en contact direct avec la dépouille augmentent aussi fortement le risque de transmission du virus Ebola.”
Coronavirus, rougeole et choléra
La RDC doit également faire face à l'épidémie de Covid-19 (3 195 cas, dont 2 896 à Kinshasa, et 72 décès) qui gagne du terrain en Afrique. De même qu'en avril, l'Unicef a publié un rapport alarmant sur les épidémies de rougeole et de choléra qui tuent des milliers d'enfants dans ce pays.
La rougeole a en effet contaminé 332 000 personnes depuis le début de l'année 2019 : plus de 6 200 victimes ont été recensées, parmi lesquelles environ 85% étaient des enfants de moins de 5 ans. Trente-et-un-mille cas de choléra ont également été dénombrés, dont 45% étaient des enfants. “Environ 16,5 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2019, entraînant près de 17 000 décès. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus gravement touchés par la maladie.”
De nombreux établissements de santé n’ont pas accès à l’eau salubre et à des services d’assainissement. On observe aussi un manque d'équipements, de personnels formés et de moyens financiers. L'Unicef appelle donc à la solidarité internationale alors que le système de santé de la RDC est en situation de précarité extrême.