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Osimertinib

ASCO : une nouvelle thérapie prometteuse pour le cancer du poumon

Par Raphaëlle de Tappie

Lors de l'ASCO, qui s'est virtuellement tenu du 29 au 31 mai, une équipe internationale a présenté les résultats “extraordinaires” de l'osimertinib, une molécule utilisée pour prendre en charge des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules. 

Chinnapong/iStock

Le cancer du poumon représente la première cause de décès par cancer en France et dans le monde. Dans l’Hexagone, il est responsable de 40 000 nouveaux cas chaque année. Il représente la première cause de mortalité par cancer chez les hommes et la deuxième chez les femmes. Dans ce cancer, on distingue deux catégories : le cancer bronchique non à petites cellules et le cancer à petites cellules. Le premier représente environ 80% de cas de cancers du poumon. Il se détecte et se traite plus facilement que le cancer à petites cellules. Environ 30% des patients qui en sont atteints sont candidats à une chirurgie lors du diagnostic, mais le taux de récidive à cinq ans après opération et chimiothérapie adjuvante standard reste élevé. 

D’après le docteur Herbst, responsable du service d'oncologie médicale au Yale Cancer center au Smilow cancer Hospital (New haven, Connecticut, États-Unis), il serait de 45% pour les tumeurs de grade I, de 62% pour celles de grade II et de 76 en cas de tumeurs de grade III. Mais pour les cas de cancers du poumon non à petites cellules localement avancées ou métastatiques, le docteur Herbst et ses collègues auraient testé une molécule aux “résultats extraordinaires”, l'osimertinib. Ils ont présenté les résultats d’un essai mondial de phase III mené aux Etats-Unis, en Chine, en Corée, en Australie et en Europe lors de l’ASCO. L’évènement s’est tenu virtuellement du 29 au 31 mai.

Dans leur essai baptisé Adora, les chercheurs ont suivi environ 700 patients. Tous souffraient un cancer bronchique non à petites cellules et présentaient une mutation EGFR sur leur tumeur. Ils avaient par ailleurs complètement récupéré de la chirurgie qui avait consisté à retirer la tumeur et certains avaient reçu une première chimiothérapie postopératoire.

Plus 83% de chances de survie  

EGFR détermine les récepteurs du facteur de croissance épidermique. D’après le site du laboratoire Roche, ces dernières “se trouvent à la surface des cellules tumorales et leur rôle consiste à envoyer un signal de croissance au noyau de la cellule. Certaines tumeurs cancéreuses du poumon peuvent contenir dans leur ADN une mutation touchant l’EGFR. On dit alors que la tumeur est positive pour les mutations de l’EGFR.” 

Les patients ont été répartis en deux groupes. Le premier s’est vu administrer une molécule dite adjuvante, l'osimertinib (Tegresso, laboratoires Astra Zeneca), sur lesquels de bons résultats avaient déjà été communiqués lors du congrès européen du cancer, Esmo, en septembre 2019. Le second a quant à lui reçu un placebo. Résultat : les patients qui avaient été traités avec de l'osimertinib ont connu une augmentation de 83% de leur survie, sans progression de la maladie. 

L’osimertinib est un inhibiteur de la tyrosine-kinase (ITK) de troisième génération. Il cible les récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGFR) avec des mutations activatrices (en majorité des mutations L858R) associées ou non à une mutation de résistance aux ITK de première génération (mutation T790M). 

“La preuve du bénéfice de l’osimertinib à un stade précoce de la maladie”

Selon le docteur Herbst qui a présenté l'étude, cette thérapie ciblée est la première à montrer une amélioration statistiquement et cliniquement significative de la survie sans progression de la maladie face à ce type de cancer. 

Ces résultats apportent la preuve du bénéfice de l’osimertinib à un stade précoce de la maladie en traitement adjuvant pour des patients sélectionnés. Cela devrait certainement changer notre manière de prendre en charge ces patients après chirurgie”, renchérit la docteure Tina Cascone (MD Anderson Cancer Center, Houston, Etats-Unis), invitée à commenter l’étude à l’ASCO. Reste toutefois à le démontrer pour la survie globale.

Chaque année, le cancer du poumon tue 30 991 personnes en France.  Il est principalement dû au tabagisme, mais également au tabagisme passif et à l’exposition à des particules cancérogènes présentes dans l’air. Notamment celles provenant de l’amiante, de l’arsenic, du radon ou des polluants de l’air comme le monoxyde de carbone ou l’ozone.  

Ci-dessous, l'interview du Pr Nicolas Girard par le Dr Jean-François Lemoine sur les avancées dans la prise en charge du cancer du poumon présentées au congrès américain d'oncologie ASCO 2020 :