- L'essai clinique vise à effectuer une immunothérapie pour activer le système immunitaire de la patiente et limiter les effets secondaires de la chimiothérapie traditionnelle.
- L'essai clinique a été réalisé sur 15 patientes pour un taux de guérison qui dépasse les 50%.
- L'une des jeunes femmes a pu guérir de sa tumeur et donner naissance à un enfant, Harry, qui se présente en bonne santé.
C’est une prouesse scientifique qui a été présentée à l’occasion du principal congrès mondial de cancérologie de l’ASCO. Des chercheurs sont parvenus, à travers un essai clinique inédit, à faire accoucher une femme d’un bébé en bonne santé alors que celle-ci a développé une tumeur dite trophoblastique gestationnelle pendant la grossesse.
Un essai clinique mené sur 15 patientes
Tout commence en novembre 2016. À ce moment-là, Lucie, 27 ans, tombe enceinte. C’est en tout cas ce qu’elle croit puisqu’elle présente tous les signes d’une grossesse. “Puis un jour, je me mets à avoir très mal aux reins, assez pour que mon mari me conduise aux urgences, se souvient-elle. D'échographie en échographie, nous voilà avec un gynécologue et alors que je demande à mon mari s'il aperçoit le bébé sur le moniteur, le couperet tombe.” Le médecin lui annonce que le moniteur n’affiche pas de bébé mais une tumeur trophoblastique gestationnelle. Ce type de tumeur bénigne, également appelée grossesse molaire, se caractérise par la formation d’une masse de kystes appelée môle hydatiforme à la place d’un embryon normal.
Lucie commence une chimiothérapie mais celle-ci est sans succès et ne lui permet pas de guérir. À l’annonce de cette nouvelle, elle décide de suivre un essai clinique inédit, l’essai Trophimmun mené par les Hospices civils de Lyon. “Comme mon grand-père avait guéri de sa maladie grâce à un essai clinique, je n’ai pas hésité à rejoindre le programme Trophimmun”, s’est-elle remémorée. La nouvelle approche vise à effectuer une immunothérapie pour activer son système immunitaire et limiter les effets secondaires des chimiothérapies traditionnelles. Avec Lucie, ce sont 15 patientes qui participent à cet essai, alors que moins de 200 femmes en France sont concernées par des cas de tumeur trophoblastique gestationnelle.
Harry, un bébé en bonne santé
Les résultats de l’immunothérapie sont très prometteurs. Le taux de guérison dépasse les 50% et 8 patientes sur 15 sont apparues guéries puisqu’elles affichent un taux de hCG normalisé 29 mois après l’arrêt du traitement. Cinq patientes ont pu échapper à la toxicité sévère de la polychimiothérapie grâce à ce nouveau remède. “Le profil de tolérance de cette immunothérapie est globalement excellent, avec très peu d’effets indésirables”, se félicite le professeur Benoît You qui a dirigé l’essai clinique.
Pour Lucie, ce traitement, qui a duré trois mois et demi, lui a permis de tomber enceinte une fois celui-ci terminé. Né l’été dernier, Harry, son fils, se porte très bien. “L'influence du traitement sur la fertilité ultérieure était une information inconnue au lancement de l’étude, admet le docteur Bolze, gynécologue à l’ASCO. Les femmes atteintes de tumeurs trophoblastiques sont souvent jeunes et il est important de faire le maximum pour leur permettre de donner la vie. La grossesse de Lucie est une belle victoire !”