- Lors de la chirurgie du cancer du col de l’utérus, les médecins réalisent en général un curage des ganglions lymphatiques du pelvis.
- Mais il arrive que cette intervention entraîne des complications.
- Des chercheurs de l'Institut Curie recommandent donc une biopsie avant toute intervention de ce type.
Le cancer du col de l’utérus est dû près de 100% des cas à une infection persistante par un papillomavirus humain (HPV), une infection transmissible par contact sexuel. Au cours de leur vie, huit femmes sur dix sont exposées au virus HPV. Dans le monde, en 2018, environ 570 000 le nombre de nouveaux cas de cancer du col de l'utérus ont été diagnostiqués. La même année, la maladie aurait entraîné 26 6 000 décès. En France, il s’agit du douzième cancer féminin le plus fréquent et on compte 3000 nouveaux cas environ chaque année. Le taux de survie à 5 ans est de 63 % et de 59 % à 10 ans.
Lors de la chirurgie du cancer du col de l’utérus, les médecins réalisent en général un curage des ganglions lymphatiques du pelvis, c'est-à-dire le retrait large de tous les ganglions proches de la tumeur, au cas où ces derniers seraient atteints par des cellules tumorales et pourraient constituer un nouveau foyer cancéreux.“Mais dans 15 % des cas, cette intervention provoque un lymphœdème des jambes : un gonflement, souvent douloureux et qui peut engendrer d’autres complications”, explique l’Institut Curie. Lors de l’American Society of Clinical Oncology, l’ASCO, congrès qui s'est virtuellement tenu du 29 au 31 mai, des chercheurs ont présenté les résultats d’une étude montrant l’intérêt de réaliser d’abord une biopsie du ganglion sentinelle, plus proche de la tumeur.
Depuis quelques années, cette pratique est de plus en plus courante. Elle permet de savoir en environ 40 minutes si le ganglion le plus proche de la tumeur est envahi ou pas par des cellules tumorales. Si est le cas, un curage est nécessaire car la tumeur a déjà envahi la zone. En revanche, si la réponse est négative, on peut éviter cette intervention invasive et à risque. “Le risque de survenue [de complications, NDLR] dépend à la fois de facteurs individuels tels que l'obésité, des problèmes de circulation lymphatique préexistants mais aussi du nombre de ganglions retirés, plus le geste est radical, plus le risque est élevé”, précise le professeur Lecuru, chirurgien en gynécologie à l’Institut Curie qui a présenté l’étude.
"Le nouveau standard de prise en charge"?
Dans cette dernière, ses collègues et lui ont comparé deux essais cliniques internationaux (SENTICOL 1 et 2) menés sur environ 300 femmes. Cinq ans après les traitements, le taux de survie était le même chez les patientes, qu’elles aient subi une simple biopsie ou un curage bilatéral des ganglions.
“Toutefois, nous attendons encore d'ici à quatre ans les résultats du troisième volet, SENTICOL 3, toujours en cours auprès de 950 femmes réparties dans 12 pays, nuance le professeur Lecuru. Si les résultats sont confirmés, la technique du ganglion sentinelle deviendra le nouveau standard de prise en charge, ce qui améliorera considérablement la qualité de vie de ces patientes”, espère-t-il.
En France, les femmes de plus de 25 ans sont invitées à réaliser un frottis tous les trois ans pour détecter le cancer du col de l’utérus le plus tôt possible. A partir de 30 ans, la Haute Autorité de santé recommande depuis juillet 2019 un test HPV tous les cinq ans. Pour les femmes non suivies par un gynécologue, la Haute Autorité de santé relance par courrier toutes celles atteintes de 25 à 65 ans. Mais d’après 20 Minutes, trop peu de patientes recevraient ces courriers. Par ailleurs, de nombreux organismes régionaux chargés de la mise en place des dépistages ne se sont pas encore adaptés aux nouvelles directives. Quant au remboursement du test HPV pour les femmes de 30 à 65 ans, il n’est effectif que depuis avril 2020.