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Cocaïne

Cloison nasale, impuissance : la grande vague des narco maladies

Par Jean-Guillaume Bayard

La cocaïne est une drogue dure dont les conséquences néfastes comme l’altération du sommeil, du comportement ou encore du jugement sont relativement connues. Derrière d’autres effets secondaires et maladies qu’elle génère restent méconnus.

belchonock/iStock
Les experts craignent une augmentation des overdoses avec la fin du confinement et la perte d'accoutumance des consommateurs.
Chaque année, la cocaïne tue directement 500 000 personnes et provoque des troubles liés à l’addiction chez plus de 35 millions de consommateurs.
Parmi les problèmes méconnus liés à la prise régulière de cocaïne : trouble érectile, destruction de la cloison nasale et nécrose honteuse.

En Colombie, des experts craignent une hausse des overdoses avec la fin du confinement. Après des mois de sevrage dus à la mise en quarantaine, la reprise subite de la consommation pourrait avoir de terribles conséquences. “Les gens qui ont réduit leur consommation durant la quarantaine ne peuvent prendre ce qu'ils prenaient avant parce que cela pourrait provoquer une overdose”, avertit à l’AFP Julian Quintero, directeur de l'Institut d'action technique sociale (ATS) à Bogota, la capitale colombienne confinée depuis le 20 mars.

Une cloison nasale remplacée

Chaque année, la cocaïne tue directement 500 000 personnes et provoque des troubles liés à l’addiction chez plus de 35 millions de consommateurs, selon un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) publié en mai dernier. Derrière ces chiffres officiels, la consommation régulière de cocaïne entraîne de nombreux autres effets secondaires et maladies encore méconnues. “Les gens vont difficilement chez le médecin pour une addiction à la cocaïne et ils ne pensent pas que cela cause d'autres affections”, appuie Efren Martinez, directeur scientifique du centre de désintoxication de la fondation Colectivo Aqui y Ahora.

L’AFP a récolté trois témoignages de consommateurs de cocaïne qui rendent compte de problèmes autres que ceux que l’on a l'habitude de lire ou entendre. Nicolas Merizalde, un Colombien de 47 ans, explique ainsi les conséquences nasales qui découlent de la prise régulière de lignes de cocaïne. “Avec un mouchoir, avec n'importe quoi, je nettoyais le sang, j'attendais que ça sèche un peu, puis je m'en remettais encore et encore jusqu'à saigner”, partage-t-il. Résultat : sa cloison nasale a été remplacée par du platine. “Les acides que contient la cocaïne ont le pouvoir de dévorer l'os, littéralement, témoigne-t-il. Le plus grave ce sont de micro infarctus cérébraux” causés par la perforation de la cloison nasale qui fait que la poudre monte au cerveau.

Son addiction l’a amené très loin et sa consommation est devenue “obsessive” : là où ses amis “sniffaient une ligne, moi deux”. Très vite, sa vie lui a échappée. “Il a volé, frappé sa petite amie, passé de la drogue au Pérou, s'est laissé tripoter par un dealer en échange de sa dose”, liste l’AFP. Il a fini par faire une tentative avortée d’overdose avant de décider de reprendre sa vie en main et de devenir “clean” puis de se ranger en tant que directeur d’un centre de réhabilitation.

Troubles sexuels, marques sur la peau

Autre problème lié directement à la prise régulière de cocaïne : l’impuissance sexuelle. Alberto (son nom a été changé) a consommé cette drogue quotidiennement pendant huit ans lorsque ses problèmes sont apparus, causant la rupture de son couple. “C’est ce qui peut arriver de pire… c'est ce qui a déclenché notre séparation car mon corps, ma vie, tout dépendait de la drogue”, se souvient-il, amère. Aujourd’hui ce quadragénaire souffre d’une ischémie cérébrale, conséquence directe de la “neige” qu’il a snifé pendant une bonne partie de sa vie.

Pour Jorge Rodriguez (son nom a été changé), 50 ans dont la moitié passée à consommer de la poudre, les stigmates de ces années de drogue sont sur son torse, son dos et ses bras. Partout, des petites cicatrices de la taille de lentilles sont visibles. “Les démangeaisons ne me laissaient rien faire, ni lire, ni écrire, ni l'amour (…) Cela empoisonne la vie. Pour aller à une réunion, je devais me passer des calmants sur la peau. J'ai dû cesser d'avoir une vie professionnelle publique (comme chercheur et consultant) et travailler reclus”, raconte-t-il. Les médecins ont eu du mal à le diagnostiquer, pensant à la gale ou des acariens. Son problème est en faite le résultat du mélange de la cocaïne avec du Levamisol, un anti-parasitaire vétérinaire, par les dealers dans le but d’augmenter le profit. Un problème qui a disparu une fois qu'il a changé de dealer et trouver un produit plus pur.