Un coup c’est oui, un coup c’est non. Neuf jours après avoir suspendu tous les essais cliniques avec l’hydroxychloroquine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi 3 juin reprendre ces activités. Cette annonce intervient en même temps que le revirement de la revue scientifique britannique The Lancet qui a reconnu “d’importants doutes” sur son étude en date du 22 mai dernier où elle a conclu sur l’inefficacité et le risque de décès lié aux traitements à base de chloroquine.
Pas de différence dans la mortalité
Après analyse plus approfondie des données sur la mortalité associées aux traitements à base de chloroquine, l’OMS a décidé de reprendre les essais cliniques. “Nous sommes maintenant assez confiants quant au fait de ne pas avoir constaté de différences dans la mortalité”, a lancé Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l'OMS, au cours d'une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l'organisation à Genève, mercredi 3 juin. “Il n'y a aucune raison de modifier le protocole”, a ajouté le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Après avoir suspendu les essais, l’Organisation avait annoncé attendre d’avoir plus d’informations pour décider du futur de ces essais, baptisés Solidarité, dans la recherche d’un traitement efficace contre la Covid-19. Attendues pour mi-juin, l’OMS a finalement rendu ses conclusions plus tôt que prévu. Le groupe exécutif de l'essai Solidarité, qui représente les pays participants, “a reçu cette recommandation et approuvé la poursuite de toutes les dimensions des essais, y compris sur l’hydroxychloroquine”, a-t-il annoncé.
Une nouvelle étude, avec des limites, estime l’hydroxychloroquine inefficace
Dans le même temps et pour continuer de brouiller les pistes sur l’efficacité des traitements à base de chloroquine, une étude américaine estime que prendre de l’hydroxychloroquine peu de temps après avoir été exposé à la Covid-19 ne permet a priori pas de prévenir une infection. Cette étude présente cependant de nombreuses limites puisqu’elle est “trop petite pour être irréfutable”, prévient Martin Landray, un professeur de médecine et d’épidémiologie à l’université d’Oxford qui n’a pas participé à l’étude. Cette étude a été menée auprès de 821 personnes aux États-Unis et au Canada qui ont tous été en contact avec une personne positive au coronavirus pendant plus de 10 minutes à une distance de deux mètres ou moins. La majorité d’entre eux était considérée comme “à risque” d’être contaminé parce qu’ils ne portaient pas de masque ou de protection pour les yeux au moment de l’interaction avec la personne infectée. Ils ont alors reçu au hasard soit de l’hydroxychloroquine, soit un placebo dans les quatre jours suivant ce contact.
Les chercheurs ont rapporté qu’il n’y a aucun “bénéfice significatif de l’hydroxychloroquine”. Pour cela, ils ont analysé par des tests en laboratoire et l’étude de symptômes combien d’entre eux ont contracté le Covid-19 dans les deux semaines suivantes. L’écart entre le nombre de patients qui ont contracté la maladie chez ceux ayant reçu de l’hydroxychloroquine (49 des 414 patients, soit 12 %) et ceux qui ont reçu un placebo (58 des 407 patients, soit 14 %) n’a pas été considéré comme significatif statistiquement. Par ailleurs, les effets secondaires étaient plus communs avec l’hydroxychloroquine qu’avec le placebo, mais dans les deux cas ils n’étaient pas indésirables.