- L'expérimentation de l'usage du cannabis thérapeutique est repoussée "au plus tard janvier 2021"
- 3000 patients vont tester ses propriétés antiémétiques, analgésiques, anti-inflammatoires et antiépileptiques
- Ils consommeront le cannabis "sous forme de tisane, d’huile, de fleurs séchées en vaporisateur"
L'expérimentation de l'usage médical du cannabis en France, initialement prévue en septembre 2020, est reportée “au plus tard en janvier 2021”, a annoncé l'Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans un communiqué, “en raison de la nécessaire mobilisation des autorités de santé sur la gestion de l’épidémie de Covid-19.”
Compléter un traitement, ou pallier son inefficacité
Environ 3 000 patients ont été recrutés pour tester les effets du cannabis thérapeutique pendant 2 ans, cette substance ayant été jugée pertinente “pour les patients dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d’une mauvaise tolérance des thérapeutiques accessibles, qu’elles soient ou non médicamenteuses”. Les patients testés souffrent notamment d'épilepsie, d'effets secondaires lourds liés à une chimiothérapie, d'une sclérose en plaques, de douleurs neuropathiques ou sont malheureusement en soins palliatifs.
Ce report a finalement permis à l'ANSM de consolider certaines actions liées à l'expérience, parmi lesquelles “la conception du registre national électronique de suivi des patients inclus dans l’expérimentation”, “le cahier des charges permettant la sélection des futurs fournisseurs et distributeurs des médicaments à base de cannabis utilisés pour l’expérimentation” ou encore, “l’élaboration de la plateforme de formation des professionnels de santé. Opérationnelle en décembre 2020, elle permettra aux médecins formés de prescrire le cannabis à usage médical et aux pharmaciens de le délivrer.”
Des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires
Au cours des deux années d'expérimentation, les patients consommeront le cannabis “sous forme de tisane, d’huile, de fleurs séchées en vaporisateur”, avait indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran. Cet essai de grande envergure sera une première en France où l'usage du cannabis thérapeutique fait encore débat. Déjà utilisé dans 17 pays de l’Union européenne, il présente une concentration moins élevée en THC, un cannabinoïde possédant des vertus psychoactives agissant sur le psychisme.
Capable de soulager les douleurs, le cannabis médical possède aussi des propriétés antiémétiques, analgésiques, anti-inflammatoires et antiépileptiques. Il a aussi la capacité de détendre les muscles et de stimuler l’appétit. “L’objectif de l’expérimentation n’est pas d’établir l’efficacité du cannabis sur des pathologies identifiées, il est surtout de tester un système de prescription et de délivrance”, précise le collectif Alternative pour le cannabis à visée thérapeutique (ACT).
Depuis mars 2018, l’hôpital La Timone, à Marseille, expérimente le cannabis thérapeutique auprès d’une vingtaine de patients atteints de la maladie de Parkinson. “La demande est venue directement des patients qui ont observé des améliorations de leurs symptômes en consommant du cannabis, a expliqué à France 3 le professeur Olivier Blin, également chef du service pharmacologie de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). L'idée, c'est de ne pas les laisser se débrouiller seuls avec des produits illicites, mais d'étudier de manière scientifique et médicale cet usage en voyant s'il y a un réel bénéfice pour les patients et quels sont les risques.”