Le sens de la solidarité et le goût de l'innovation et de l'action. Vanessa Auger avait la recette, au moment où la France s'est mise à vivre confinée, pour répondre à son besoin de "ne pas rester à la maison sans rien faire". Chargée d'études chez Mutex, la jeune femme qui travaille à Paris et habite à Tours est parvenue avec ses amis à lancer la fabrication de dispositifs pour venir en aide aux acteurs en première ligne dans la crise de la Covid-19, hôpitaux, ehpad, cabinets médicaux, pharmaciens et infirmiers pour lesquels ils ont réalisé des valves pour adapter des masques de loisirs aux respirateurs des services de réanimation et des visières de protection. Tout cela en un temps record dans un pays quasiment à l'arrêt ... et en respectant à la lettre les règles du confinement !
L'histoire a commencé pour Vanessa Auger en regardant comment les Italiens, confrontés à une situation sanitaire dramatique, avaient utilisé des masques de loisirs pour équiper les respirateurs des services de réanimation et aussi pour protéger les médecins et infirmiers. "Avec un ami, nous avons réalisé un prototype mais il restait à fabriquer des valves spécifiques pour relier les masques aux respirateurs et nous avons lancé un appel sur les réseaux sociaux pour avoir le soutien de spécialistes de l'impression 3D ", explique-t-elle.
Une équipe de bénévoles
Pas simple de se lancer dans une pareille aventure quand une bonne partie des Français sont confinés à domicile ... Mais les "printers" ont répondu à l'appel et ensuite, tout s'est accéléré. "Nous nous avons obtenu de l'enseigne d'équipements sportifs qui fabrique ces masques qu'ils nous en livrent 130, puis l'hôpital de Tours nous a donné son accord pour tester le prototype", raconte Vanessa Auger qui a, parallèlement, diffusé tout le process nécessaire pour lancer la fabrication de ces pièces sur une plateforme "open source".
Et comme deux bonne idées valent mieux qu'une, la petite équipe de bénévoles ainsi constituée a également mis au point un procédé de fabrication de visières de protection en plastique. Restait à réaliser ces produits ... et rien ne pouvait se faire sans une aide financière. Celle-ci est venue de l'employeur de Vanessa Auger, Mutex, qui a accordé un budget de quelques milliers d'euros pour acheter la matière première et de la ville de Tours qui a prêté un local pour assembler tous les éléments, fabriqués à domicile par les 56 "printers 3D" qui avaient rejoint l'opération et qui travaillaient... confinés chez eux !
Des projets d'avenir
"Dans ce local, nous avons fait travailler les assembleurs, eux aussi bénévoles, par groupe de deux en choisissant des personnes qui habitaient ensemble, explique Vanessa Auger, et pour livrer le matériel, nous avions également des règles sanitaires très précises respectant la distanciation". Les "clients" (hôpitaux, cabinets médicaux, pharmaciens et aussi des centres médico-soiciaux) ont été approchés grâce aux contacts des structures du groupe VYV.
Au final, l'initiative a permis de livrer 130 masques équipés de leur valve et 10 000 visières. Et surtout, elle devrait avoir une suite. "Nous avons dû nous constituer en association pour mener à bien ce projet et avec cette structure nous souhaitons poursuivre nos réalisations avec des objets destinés à des directeurs d'école pour aider dans certains enseignements", explique, enthousiaste, Vanessa Auger qui construit déjà l'avenir de sa "petite entreprise" de bénévoles au coeur de l'économie solidaire.