- L'étude a été menée par 27 pédiatres sur 605 enfants de moins de 15 ans en Ile-de-France.
- Les tests sérologiques montrent que seuls 10,7% de ces enfants ont eu la Covid-19.
- "De plus, dans neuf cas sur dix, ce sont les adultes malades qui contaminent les enfants et non l’inverse", explique le scientifique en charge de l'étude.
On savait déjà les enfants plus épargnés par le coronavirus que les adultes et également moins contagieux. Aujourd’hui, près d’un mois après le début de la réouverture des écoles française, une nouvelle étude dévoilée ce jeudi 4 juin dans les colonnes du Parisien confirme que les enfants sont “de tout petits contaminateurs”.
Cette étude a été menée par 27 pédiatres sur 605 enfants de moins de 15 ans vivant en Ile-de-France, région française la plus touchée par la Covid-19. Parmi eux, 322 étaient asymptomatiques et 283 présentaient des symptômes. Les tests sérologiques, effectués par prise de sang, montrent que seuls 10,7% des enfants ont eu la maladie: “1,8 % (soit 11 enfants, NDLR) avait un test PCR positif lorsqu’on les a dépistés pendant le confinement. Mais en regardant ce dernier chiffre de plus près, on a été réellement surpris de voir que seul 0,6 % était contagieux. De plus, dans neuf cas sur dix, ce sont les adultes malades qui contaminent les enfants et non l’inverse. Même quand ils ont des frères et sœurs”, explique au Parisien le professeur Robert Cohen, pédiatre à l'hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) et vice-président de la Société française de pédiatrie, chargé de l’étude, .
Chez les 11 enfants testés positifs au PCR, “les trois quarts (des 11 patients avaient déjà des anticorps contre le coronavirus et leur PCR était globalement très faiblement positif, donc on peut penser que sur ces 11 patients, au moins les trois quarts d'entre eux n'avaient pas la possibilité de contaminer”, renchérit-il auprès de BFMTV.
Pour un assouplissement du “protocole sanitaire inapplicable” dans les écoles
Cela pourrait s’expliquer car les enfants auraient déjà attrapé d’autres coronavirus récemment et bénéficieraient donc d’une immunité croisée. Une autre raison pourrait être que les enfants ont moins de récepteurs de virus sur leur muqueuse nasale. Qui plus est, le nez qui coule les rendraient plus résistants aux infections. Enfin, leur petite taille leur permettrait de ne pas être directement exposés aux gouttelettes, avance le scientifique.
“Les enfants sont peu porteurs, peu transmetteurs, et quand ils sont contaminés c'est presque toujours des adultes de la famille qui les ont contaminés”, expliquait déjà le professeur Cohen à BFMTV lors des premiers résultats de l’étude publiés mi-mai.
Dans un communiqué paru quelques jours avant la réouverture des écoles, Santé publique France rappelait quant à elle que “les cas pédiatriques de Covid-19 représentent une faible partie (1 à 5%) de l’ensemble des cas rapportés dans le monde”. “Ceci est essentiellement lié au fait que les enfants infectés présentent majoritairement des formes asymptomatiques ou peu graves. Les formes graves et les décès chez les enfants sont exceptionnels”, était-il précisé.
Fort des résultats de cette nouvelle étude, le professeur Cohen plaide désormais pour un assouplissement des règles sanitaires en vigueur dans les écoles. “Ce que je regrette, ce sont les conditions de leur réouverture après le 11 mai. On a savonné la planche pour que les élèves ne retournent pas en classe. Le protocole sanitaire est inapplicable : mettre des marquages au sol dans la cour de récréation ? Ne pas consoler un enfant en le prenant dans ses bras ? Vous vous rendez compte, arriver à ce degré d’inhumanité. Il n’y a pas eu non plus un enthousiasme débordant des enseignants. Je ne crois pas qu’on les applaudira tous à la fin de cette crise”, déplore-t-il auprès du Parisien. Le médecin encourage par ailleurs des rencontres entre les grands-parents et leurs petits enfants, à condition de ne pas être trop nombreux dans la même pièce, de limiter les câlins et de renforcer le lavage des mains au quotidien. “Les enfants sont moins dangereux pour leurs grands-parents que leurs parents eux-mêmes”, insiste-t-il.
Une charge virale faible
Le 11 avril, soit un mois très exactement avant le déconfinement, une étude parue dans la revue Clinical Infectious Disease montrait qu’un Français de neuf ans qui avait contracté le coronavirus aux Contamines-Montjoie en Haute-Savoie au début de l’épidémie n’aurait contaminé personne dans les trois écoles et le club de ski qu’il avait ensuite fréquentés.
“Il est possible que les enfants, parce qu'ils ne présentent pas beaucoup de symptômes et qu'ils ont une charge virale faible, transmettent peu ce nouveau coronavirus”, expliquait alors Kostas Danis, épidémiologiste à Santé publique France et auteur principal de cette étude, à l’AFP. En effet, quand il était tombé malade, le jeune patient avait déclenché des symptômes légers. Huit jours plus tard, il présentait une charge virale très faible.
“Au départ, nous sommes tous partis du fait que les enfants sont des grands transmetteurs de microbes. C'est vrai pour la grippe, pour des bactéries… C'est la raison pour laquelle, nous avons bloqué les écoles assez rapidement. La notion avancée de dire que les enfants seraient moins contagieux est importante car elle peut jouer un rôle décisif dans la décision de savoir quel groupe d'enfants vont être réintroduits dans les écoles. C'est peut-être un argument supplémentaire pour se dire que les petits, c'est peut-être un bon choix. C'est une notion nouvelle et intéressante. Un virus n'est pas l'autre et c'est peut-être une des multiples surprises que ce virus nous a réservées”, commentait quant à lui Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre de Bruxelles, auprès de RTL info.