- Aujourd'hui, 20 à 25% des Français souffrent d'allergies chroniques, les allergies respiratoires arrivant au premier rang.
- Ces dernières sont décuplées par l'arrivée du printemps et des pollens.
- La pollution atmosphérique et des environnements plus propres ont déréglé notre système immunitaire face aux grains de pollens, de plus en plus nombreux en raison du réchauffement climatique.
“Le risque d’allergie au pollen sera élevé ou très élevé sur tout le territoire ces prochains jours pour les pollens de graminées qui seront la principale gêne des allergiques”, alertait le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) dans son bulletin du 29 mai. En 1970, 3% de la population française était touchée par les allergies. Aujourd’hui, environ 20 à 25% des Français souffrirait d'une maladie allergique, les allergies respiratoires étant au premier rang. Ces dernières sont généralement décuplées par l'arrivée du printemps et des pollens avec le fameux et très désagréable rhume des foins, ou rhinite allergique. D’après l’Organisation mondiale de la santé, ce problème d'allergies ne devrait pas aller en s’arrangeant puisque 50% de la population mondiale devrait être concernée en 2050. En cause, la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique mais également nos nouveaux modes de vie.
La pollution atmosphérique
Chez les personnes souffrant d’allergies respiratoires, la pollution aggrave les choses. De nombreuses études montrent en effet les effets néfastes de la pollution et de la circulation automobile sur la santé respiratoire, notamment celle des enfants, avec des pourcentages d'asthme et d’allergie aux pollens qui grimpent de 20 à 30 %. Récemment, une équipe internationale de chercheurs a mis en évidence les conséquences de la pollution de l’air lié au trafic automobile sur l’asthme infantile.
“Il existe des relations triangulaires entre pollution, pollens et allergie. La pollution peut à la fois agir sur les pollens en modifiant leur structure biochimique extérieure et par là même leur allergénicité, et sur les muqueuses respiratoires de l´homme en modifiant sa sensibilité immunologique aux grains de pollens”, explique par ailleurs le RNSA sur son site. “Les pollens fixés aux particules fines vont être plus irritants d’un côté alors que de l’autre, la pollution va irriter les voies respiratoires qui vont être plus sensibles aux allergies existantes et plus à risque de déclencher de nouvelles allergies”, explique à Yahoo Edouard Sève, membre du RNSA et allergologue à Fontainebleau.
Le réchauffement climatique
En 2018, le bilan Surveillance des pollens et des moisissures dans l’air ambiant, co-publié par le RNSA, l’APSF et Atmo France pointait du doigt le réchauffement climatique. “Le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen. C'est notamment ce que montre l'indicateur de l'ONERC qui met en relation la quantité annuelle de pollens de bouleau et la température qu'il a fait avant à partir du mois de juillet de l’année précédente. En 2018, ce constat se vérifie puisque le pollen de bouleau enregistre un pic anormal des concentrations durant le mois d’avril. Les quantités de pollens d’ambroisie, cupressacées et graminées sont restées dans les valeurs habituelles. D’après les simulations faites par le RNSA, les effets du changement climatique sur les pollens risquent de s’amplifier dans le futur”, était-il notamment expliqué.
“On estime que d’ici 2050, si l’on ne fait rien par rapport au changement climatique, 50% de la population sera allergique”, alerte Jocelyne Just, la présidente de la Société française d’allergologie, allant ainsi dans le même sens que les prévisions de l’OMS.
Le mode de vie
“Les environnements plus propres, avec des antibiotiques et l’eau de Javel ont diminué la présence de bactéries en contact avec le système immunitaire. Sauf que du coup, celui-ci se dérègle et cherche à se défendre contre d’autres cibles. Il créé des anticorps contre les animaux, les pollens ou les acariens. C’est ainsi qu’apparaît l’allergie”, explique par ailleurs Edouard Sève à Yahoo. Ainsi, le système immunitaire considère le pollen comme nocif pour l’individu, ce qui n’est pas censé être le cas.
Si vous êtes allergique aux pollens mais refusez de rester enfermé chez vous après avoir été confiné pendant près de deux mois, quelques précautions peuvent vous aider. Le RNSA recommande notamment de “se rincer les cheveux le soir [sinon les pollens se déposent sur la taie d'oreiller et entretiennent l'irritation, NDLR], de favoriser l’ouverture des fenêtres avant le lever et après le coucher du soleil [les pollens sont plus présents la journée, NDLR], d'éviter de faire sécher le linge à l’extérieur, de bien suivre son traitement et de consulter son médecin en cas de symptômes…” Pensez également à vous changer régulièrement, si possible, les pollens ayant tendance à rester accrochés aux vêtements.