Alors que la vie reprend progressivement son cours, les chercheurs continuent de travailler sur l'évolution de la crise sanitaire. Après l'Académie nationale de médecine au mois de mai, c'est le Conseil scientifique qui se penche sur plusieurs scenarii pour l'après-confinement en France. Dans son septième avis, daté du 2 juin, l'équipe chargée d'éclairer la décision publique en présente quatre, qu'elle juge "probables". Objectif : "préparer et anticiper les mesures à mettre en place selon les différents scénarios".
Le premier cas de figure est le plus favorable. Il envisage "une épidémie sous contrôle au vu des indicateurs disponibles", dans un contexte où les foyers de contamination sont localisés et peuvent donc être maitrisés. Ici, pas de dispositif d'envergure à déclencher, si ce n'est le maintien des mesures déjà en place afin d'éviter une nouvelle vague.
Un "plan de prévention et de protection renforcée" à élaborer "dès maintenant"
À l'inverse, le deuxième scénario consiste en l'apparition de "clusters critiques, laissant craindre une perte de contrôle des chaînes de contamination, et donc du contrôle de l’épidémie elle-même". Conséquence : pour éviter que la situation ne dégénère davantage, le pays nécessiterait des mesures "strictes, précoces et localisées".
Dans le troisième scénario, l'épidémie reprendrait plus insidieusement, de manière progressive, et "à bas bruit". Ainsi, elle serait plus difficile à percevoir. "Des indicateurs se dégraderaient alors sans que les chaînes de contamination puissent être identifiées, ni a fortiori contrôlées", écrit le Conseil scientifique. Dans ce cas de figure, l'équipe recommande d'activer rapidement le "plan de prévention et de protection renforcée", appelé "P2R-Covid". Selon elle, il est "essentiel" de l'élaborer dès à présent.
"On ne pourra pas refaire un confinement généralisé en France"
Le quatrième scénario est le plus défavorable. Les experts imaginent une dégradation critique des indicateurs, synonyme d'une perte du contrôle de l’épidémie. Résultat : des "décisions difficiles" devraient avoir lieu et se traduiraient par choisir entre "un confinement national généralisé, permettant de minimiser la mortalité directe, et d’autres objectifs collectifs, économiques et sociaux, s’accompagnant alors d’une importante mortalité directe".
Néanmoins, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a écarté cette première option dans une interview accordée au Parisien, publiée le 4 juin. "Quoi qu’il arrive, on ne pourra pas refaire un confinement généralisé en France, a-t-il estimé. La première fois, il était indispensable, on n'avait pas le choix, mais le prix à payer est trop lourd. La population ne l'accepterait sûrement pas, les conséquences économiques seraient majeures et, même d'un point de vue sanitaire, cela n'est pas souhaitable".
"La situation est sous contrôle pour les prochaines semaines"
C'est donc pour éviter un nouveau confinement au cas où la situation empirerait que le Conseil scientifique préconise l'élaboration du P2R-Covid. De même, si le médecin précise bien que l'épidémie n'est pas terminée et que le virus circule toujours, ses propos sont rassurants. "Sauf événement exceptionnel, la situation est sous contrôle pour les prochaines semaines, voire les mois d'été", a-t-il avancé, en appelant tout de même à la vigilance extrême. En cause : le risque de récidive à l'automne.