- “Nous ne pouvons plus nous porter garants de la véracité des sources des données primaires”, reconnaissent les auteurs de l'étude publiée dans The Lancet.
- Une analyse indépendante a été lancée pour évaluer l'origine des éléments de la base de données.
- En France, 16 études utilisant la chloroquine sont à l'arrêts et pourraient redémarrer.
Le feuilleton autour de l’utilisation de la chloroquine pour traiter les patients atteints du Covid-19 continue. Quelques jours après la publication d’un communiqué par The Lancet qui reconnaît “d'importants doutes” sur l’étude qui a conclu sur l’inefficacité et la dangerosité de cette molécule, ce sont trois de ses quatre auteurs de qui ont décidé de retirer l’article de la revue scientifique britannique.
Les chercheurs s’excusent
Les doutes qui entourent les données utilisées par les scientifiques pour mener leur étude les a contraints de se rétracter. “Nous ne pouvons plus nous porter garants de la véracité des sources des données primaires”, écrivent-ils dans un communiqué publié par The Lancet. Ces données ont été récoltées par la société américaine Surgisphere, dirigée par le quatrième auteur de l’étude Sapan Desai, et concernent 96 000 patients hospitalisés entre décembre et avril dans 671 hôpitaux à travers le monde. Une centaine de scientifiques ont pointé dans une lettre ouverte les carences de cette étude et notamment l’origine des données où, par exemple, 73 décès en Asie ont été comptés dans les données des hôpitaux australiens.
Les auteurs ont souhaité avoir plus de précisions sur ces données avant d’aller plus loin. “Nous avons lancé une analyse indépendante de Surgisphere avec l'accord de Sapan Desai pour évaluer l'origine des éléments de la base de données, confirmer qu'elle était complète et répliquer les analyses présentées dans l’article”, ont-ils écrit dans leur communiqué. Joint par le Parisien, Mandeep R. Mehra, l'auteur principal, présente ses excuses. “Je n'ai pas fait assez pour m'assurer que la source de données était appropriée, reconnaît-il. J'ai toujours effectué mes recherches conformément aux plus hautes directives éthiques et professionnelles. Cependant, nous ne pouvons jamais oublier la responsabilité qui nous incombe en tant que chercheurs de veiller scrupuleusement à ce que nous nous appuyions sur des sources de données qui respectent nos normes élevées. Pour cela, et pour toutes les perturbations — directes et indirectes — je suis vraiment désolé.”
Toutes les suspensions d’essais remises en cause
Les récentes remises en cause de l’étude initiale publiée dans The Lancet ont poussé les différentes autorités mondiales à réagir. L’OMS, qui avait suspendu tout essai clinique avec l’utilisation de chloroquine, a annoncé reprendre les essais. En France, c’est l'Agence française du médicament qui a expliqué dans un communiqué de presse qu’elle va réexaminer sa position après avoir elle aussi interdit les essais cliniques à base de chloroquine. En tout, sur le territoire, ce sont seize essais cliniques qui étaient en cours avant d’être suspendu il y a dix jours. Sanofi, qui a également suspendu ses recherches où sont utilisées cette molécule, a déclaré se prononcer d'ici quelques jours, le temps d'examiner les informations disponibles.