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Déconfinement

Dans les transports en commun, entre respect des gestes barrière et gros manquements...

Si les gestes barrières sont globalement bien appliqués dans les transports en commun, l'inquiétude reste palpable chez 60% des Français, selon un sondage BVA. Plus ou moins soucieux à l'idée de prendre le métro parisien après le déconfinement, trois témoins racontent leur expérience.

Dans les transports en commun, entre respect des gestes barrière et gros manquements... CraigRJD/iStock




Le retour à la normale se fait plus ou moins aisément selon les activités. Un sondage BVA réalisé du 2 au 4 juin auprès de 1 000 personnes pour Orange et Europe 1 montre que les Français déclarent majoritairement se sentir en sécurité, notamment lorsqu'ils voient leur famille ou des amis et marchent dans la rue ou dans des parcs. En revanche, 60% des sondés font part de leurs craintes quant aux transports en commun. 

Ainsi, 44% ne se sentent "plutôt pas" ou "pas du tout" en sécurité dedans, tandis que 16% préfèrent éviter de les prendre. C'est le cas de Maëlle, 28 ans. "Je m'étais promis de ne pas remonter dans les transports en commun avant au moins l'été, indique la chargée de communication, en précisant être assez inquiète à l'idée d'attraper la Covid-19. Mais, dans la semaine qui a suivi le déconfinement, je n'ai pas eu le choix : comme je devais me rendre à l'autre bout de Paris pour un rendez-vous médical sur mon temps de travail, je ne pouvais pas me permettre de faire l'aller-retour à pied".

"Un homme s'est assis à côté de moi alors que la rame était très loin d'être saturée"

Pour gagner du temps, la jeune femme a choisi de prendre le métro. "Je tentais de me rassurer en me disant que je ne me trouvais pas en heures de pointe, se remémore-t-elle. Finalement, j'ai été agréablement surprise en voyant les mesures mises en place : des petites affiches avaient été disposées sur certains sièges afin qu'il n'y en ait qu'un sur deux qui soit utilisé, pour garantir la distanciation. Puis, tout le monde était masqué et la rame était quasiment vide".

Néanmoins, Maëlle a constaté quelques écarts. "À l'aller, une femme s'est assise en face de moi alors qu'elle aurait dû se mettre en quinconce, comme c'est indiqué sur les sièges, note-t-elle, en précisant l'avoir signalé, poliment, à la passagère. Au retour, un homme s'est assis à côté de moi alors que la rame était très loin d'être saturée et qu'il y avait largement la place pour que l'on s'assoie tous en respectant les distances de sécurité". Tendue, elle n'a pu s'empêcher de faire un bond et s'éloigner de plusieurs mètres.

"Le passager, perplexe, m'a regardé sans avoir l'air de comprendre, puis a marmonné des paroles qui n'avaient pas l'air très sympathiques, déplore-t-elle. J'ai fait comme si de rien n'était et me suis contentée de me tenir à distance, mais un homme est intervenu pour le réprimander. Je reconnais que ça m'a confortée dans l'idée que je n'avais pas surréagi en me décalant".

"Systématiquement, je tombe sur au moins une personne sans masque" 

Également inquiète dans les transports, Léa, une étudiante de 21 ans, multiplie les précautions. "Je ne m'assois pas sur les sièges et je ne me tiens pas aux barres, ce qui est assez compliqué parfois pour rester stable", indique-t-elle. Elle ne lésine pas non plus sur le gel hydroalcoolique, qu'elle met dès qu'elle entre dans le métro et dès qu'elle en sort.

"J'ai repris plusieurs fois les transports en commun depuis le 11 mai, et, systématiquement, je tombe sur au moins une personne sans masque qui se promène en étant au téléphone et en postillonnant partout, souffle Léa. En général, j'essaie de me déplacer lorsque ça arrive". À part ces exceptions, l'étudiante constate que le port du masque est plutôt bien respecté. "Mais la distanciation sociale, pas du tout, regrette-t-elle. À chaque fois que j'ai pris le métro, on était beaucoup plus que prévu".

Dans la mesure du possible, Léa attend le suivant ou marche. "Le problème, c'est que même sur les quais, on était très nombreux. Puis, il y a des moments où on n'a pas le choix : on doit prendre les transports", assure-t-elle. Face aux quelques personnes qui "mettaient juste leur masque parce qu'elles le devaient", la jeune femme décrit une majorité d'usagers soucieux. "Il y en avait certains avec lesquels on se disait par le regard qu'on trouvait qu'il y avait trop de monde, et on attendait sur le côté le prochain métro, note-t-elle. Aussi, quand je mettais du gel, j'en voyais qui sortaient le leur et l'appliquaient en même temps".

"On aura toujours tendance à parler de ceux qui ne respectent pas les dits 'gestes barrières'"

Pour sa part, Clément, 25 ans, a commencé à réutiliser les transports peu après le 18 mai. D'abord le bus, pour se rassurer. "Ça allait, il n'y avait vraiment pas grand monde et chacun portait son masque", décrit-il. La semaine dernière, le doctorant a repris le métro. "Chez moi, c'est la ligne 12 qui passe ; il n'y a vraiment personne dessus, donc chacun respecte bien les placements. Par contre, il m'est arrivé de prendre la 4 ensuite, et, clairement, ça ne me tente pas de l'emprunter tous les jours", admet-il.

Le jeune homme décrit beaucoup de monde, et certains usagers mettant leur masque juste avant de rentrer, voire pas du tout. "Hier, j'ai dû prendre la 4 pour rentrer de Châtelet : il n'y avait absolument pas de distanciation. Quand je suis arrivé, il n'y avait personne, mais, au fur et à mesure des stations, les gens montaient plutôt que de laisser passer un métro, raconte-t-il. En plus, sur les quais, il y avait des membres de la RATP chargés de limiter le nombre de passagers ; ce n'est pas très efficace, finalement".

Même s'ils pointent des écarts, Maëlle, Léa et Clément s'accordent à dire que la majorité des usagers qu'ils ont croisés respectaient les gestes barrières. Un phénomène parfaitement humain. Selon la sociologue Séverine Durand, que nous avions interrogée sur les comportements induits par la crise sanitaire, les émotions négatives sont plus intenses que celles qui sont positives. "On aura toujours tendance à parler de ceux qui ne respectent pas les dits 'gestes barrières' (…) : c'est parce que ce n'est pas ce qui se fait le plus", avait-elle illustré.

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