C’est un sujet sensible qui sera bientôt débattu à l’Assemblée nationale. Mercredi 3 juin, la députée LREM de l’Allier, Laurence Vanceunebrock, a annoncé avoir déposé une proposition de loi pour interdire les “thérapies de conversion”. Ces dernières sont utilisées dans le but de tenter de changer l’orientation sexuelle d’une personne ou de la convaincre de choisir la chasteté. Relativement connues aux Etats-Unis, elles sont beaucoup plus officieuses en France et souvent proposées sous forme de “stage”, “soin” ou “séminaire”.
Si le Parlement européen a adopté, en mars 2018, un texte non contraignant appelant les États à interdire ces pratiques, rien n’empêche ces “thérapies” dans la loi Française. C’est pourquoi, aujourd’hui, la proposition de loi vise à créer une “infraction spécifique pour prohiber ces pratiques et prévoit des facteurs aggravants pour prendre en compte la situation des mineurs, public particulièrement victime de ces thérapies”. Cela permettra des plaintes et des poursuites sur ce “thème bien spécifique”. Le but est également d’établir des “statistiques” qui n’existent pas aujourd’hui en France, explique Laurence Vanceunebrock à l'AFP.
L’homosexualité n’est plus considérée comme une pathologie psychiatrique depuis 1962 dans l’Hexagone. Toutefois, elle reste une maladie pour les promoteurs des “thérapies de conversion”, assure Laurence Vanceunebrock. En effet, elles sont souvent proposées par des organisations religieuses qui “couvrent un spectre très large de pratiques souvent insidieuses”, poursuit la députée.
Séances d’électrochocs et mariages forcés
En préalable de cette proposition de loi, la politique a mené une mission d’information sur le sujet avec son collègue Bastien Lachaud (député de la Seine-Saint-Denis pour la France Insoumise). A cette occasion, elle dit avoir entendu “des témoignages de personnes ayant été victimes ou témoins d’exorcismes” et “pris connaissance de faits de viol ou d’excision”. D’après les deux parlementaires, des “thérapies” médicales soumettent parfois des personnes gavées de médicaments à des séances d’hypnose ou d’électrochocs. Les députés rapportent également le cas d’individus ayant été victimes de “mariages forcés”.
“Ce qu’on appelle communément ‘les thérapies de conversion’ continue de détruire la vie de personnes LGBT, notamment de jeunes gens qui subissent des violences psychologiques et/ou physique du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre”, explique par ailleurs Bastien Lachaud sur les réseaux sociaux.
Un examen début 2021 ?
Aux Etats-Unis, le nombre de victimes de ces “thérapies de conversion” était estimé à 700 000 en 2018. En France, il n’existe aucune “mesure objective” du phénomène en France, déplorent les parlementaires, selon qui de nombreux jeunes ne peuvent pas porter plainte par crainte de représailles.
Actuellement, le texte n’a pas encore de “date d’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale”. “Le seul problème, c’est le calendrier” parlementaire, bouleversé par la crise sanitaire du coronavirus, “mais je vais mettre la pression”, assure Laurence Vanceunebrock, qui espère un examen début 2021.