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Solidarité

Covid-19 : une plateforme d'écoute nationale dédiée aux personnes en deuil

Par Claire Pamerlon

Avec l'aide du groupe VYV, l'association Mieux traverser le deuil a mis en place une plateforme d'écoute à l'échelle nationale pendant le confinement. Objectif : épauler et donner de l'espoir aux personnes en deuil, en souffrance durant la crise sanitaire.

Des Green/iStock

Le processus complexe qu'est le deuil a été mis à rude épreuve durant le confinement. Avec l'interdiction de se rassembler et de visiter ses proches en Ehpad ou à l'hôpital, nombre de Français ont éprouvé des difficultés à gérer la perte d'un être cher. C'est donc sans surprise que Damien Boyer, fondateur de Mieux traverser le deuil et réalisateur, a vu les appels se multiplier au cours de ces dernières semaines.

"Ils étaient liés aux décès causés par la Covid-19, mais surtout au fait de ne pas pouvoir être au chevet ni aux obsèques, assure-t-il. Cela supprime les rituels funéraires : c'est absolument terrible". Créée en 2019 après la diffusion du film Et je choisis de vivre, l'association accompagne les personnes en deuil, que ce soit à la suite des obsèques ou jusqu'à 20 ans après la perte d'un proche. Par le biais d'une plateforme digitale, des articles et vidéos sont proposés, de même qu'un accompagnement par l'intermédiaire de chat et d'échanges téléphoniques.

"On voulait les écouter et leur donner de l'espoir" 

Devant l'affluence liée aux décès liés au nouveau coronavirus, Mieux traverser le deuil a lancé une plateforme d'écoute à l'échelle nationale deux semaines après le début du confinement, avec l'aide du groupe VYV. "On s'est dit que ce n'était pas possible de laisser les gens comme ça : on voulait les écouter et leur donner de l'espoir", raconte Damien Boyer. Au total, 800 écoutants ont été déployés pour répondre aux appels 24h/24 et 7j/7. 

"On en reçoit entre 100 et 170 par jour, pour des discussions qui durent généralement plus de 30 minutes, indique-t-il. Ça fonctionne très bien la nuit, donc on a mis en place un partenariat avec des associations au Québec pour qu'elles prennent le relai sur ce créneau". De la même manière, un partenariat a eu lieu avec le ministère de la Santé, de sorte à ce que tous les hôpitaux de France connaissent l'initiative et puissent renvoyer celles et ceux qui le souhaitent vers la plateforme.

"On va voir si on a les capacités de poursuivre, mais ce serait l'objectif"

"Pour l'instant, on continue le service d'écoute : le nombre d'appels n'a pas beaucoup diminué avec le déconfinement, constate Damien Boyer. Ensuite, on va voir si on a les capacités de poursuivre, mais ce serait l'objectif". Autre projet : le développement d'un forum afin de permettre aux personnes de parler entre elles sur des thématiques spécifiques, comme la perte d'un frère ou d'une sœur. "On est aussi en train de mettre en place un téléphone vert pour le deuil, reprend le fondateur de l'association. On pense surtout aux personnes âgées, qui peuvent avoir un blocage digital".

Damien Boyer insiste : vivre un deuil seul est très difficile. "Il faut avoir des ressources et voir d'autres témoignages, cela aide énormément, assure-t-il. Cela permet de se sentir plus normal, de voir où on est dans l'étape du deuil. Puis, on prend conscience qu'il se fait sur toute une vie : c'est une bonne nouvelle, car cela veut dire que l'attachement et l'amour que l'on porte à la personne qu'on a perdu perdure". Une note d'espoir, pour celui qui estime que vivre son deuil est très positif. "C'est un moyen de rendre hommage", conclut-il.