Gare au calage ! Si les auto-écoles ont repris leur activité dès le déconfinement, ce n'est pas le cas des inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière (IPCSR) pour le permis B. Le Ministère de l'intérieur a annoncé la reprise des examens du permis voiture dès ce lundi 8 juin - sous réserve d'une décision contraire du préfet départemental. Or depuis le 16 mars dernier, la place Beauvau estime que 350 000 examens ont été annulé - tous permis confondus - pour cause de la Covid-19.
Dans ce nouveau contexte de distanciation sociale, le flou prédomine en la matière. Pour l'heure aucun protocole de sécurité sanitaire n'a été officiellement validé par le ministère du travail, parfois les préfectures départementales dictent leurs conditions mais souvent ce sont les organisations professionnelles qui tentent d'harmoniser les pratiques. Le Conseil national des professionnels de l'automobile (CNPA) - organisation patronale - propose notamment à ses adhérents de port obligatoire du masque à l'intérieur de la voiture ainsi que d'une visière, sauf pour le candidat. Il recommande également que les sièges soient protégés par des housses changées à chaque changement de personne.
Bouchons à l'examen du permis
Cependant, Lorenzo Lefebvre, patron d'une auto-école et élu au CNPA Éducation et sécurité routière, pousse un cri d'alarme auprès de ses collègues. "C'est une catastrophe, explique-t-il. Sur l'ensemble des départements nous estimons que nous avons entre 50 et 60% des places d'examen par rapport à avant la crise." C'est-à-dire qu'ils peuvent présenter près de deux fois moins de candidats qu'avant. Un manque à gagner difficile pour ce secteur également impacté par les deux mois de fermeture administrative. L'élu du CNPA explique dans une vidéo aux adhérents sur les réseaux sociaux qu'un plan a été acté pour une production en mai et juin de 80 à 90% des places avant-crise puis d'intensifier la cadence à 125% en juillet et maintenir le rythme à 123% jusqu'à la fin de l'année. Un pari qui semble aujourd'hui perdu. "Plus on avance dans le temps, plus l'écart et les besoins d'examen augmente alors qu'il devait se résorber" souffle-t-il.
Les raisons de cette panne au démarrage ? Le retour massif des élèves ainsi que la réouverture rapide des autoécoles alors que les inspecteurs seraient davantage en arrêt maladie ou garde d'enfant, à en croire l'organisation patronale. Un manque de personnel auquel s'ajoute des contraintes matérielles comme la désinfection de la voiture entre chaque candidat qui fait perdre du temps.
La CNPA propose d'allonger les journées des inspecteurs du permis B et de les faire travailler les samedis, faire appel aux retraités ainsi que.. d'alléger l'examen du permis de conduire. "On peut externaliser trois compétences [de l'inspecteur] : les vérifications et la question de premiers secours, les manœuvres et la conduite autonome", propose-t-il. Resterait à l'inspecteur l'épreuve de la conduite dans la circulation. Une manière de gagner du temps pour faire passer l'examen à plus de candidat. Des propositions que l'organisation professionnelle doit encore défendre devant les autorités. Entre urgence économique pour les entreprises et les candidats, et le risque d'un examen au rabais les responsables de la sécurité routière choisiront la 3e ou 5e vitesse.