Quels sont les bénéfices et les risques liés à la prise d'une faible dose d'aspirine ? L'aspirine est le médicament dont la production mondiale est la plus importante avec 2 540 cachets fabriqués par seconde, selon le site spécialisé Planetoscope. Sont donc mis sur le marché chaque année dans le monde, 40 000 tonnes d'aspirine, soit 80 milliards de comprimés.
Sa capacité à fluidifier le sang a été mise en évidence en 1967 et la première étude démontrant son efficacité contre les maladies cardiovasculaires date de 1978. L’acide acétylsalicylique (AAS), plus connu sous le nom d'aspirine, fait donc partie de notre pharmacie depuis de nombreuses décennies. Seulement voilà, si elle soigne certains maux, l'aspirine a pour conséquence d'en déclencher d'autres.
Des bénéfices accompagnés de sérieux risques
C'est en tout cas ce qu'avancent des chercheurs des universités Anglia Ruskin (Grande-Bretagne) et de Palerme (Italie) dans le British Journal of Clinical Pharmacology. Après avoir étudié les données de 67 méta-analyses indépendantes et 156 résultats obtenus sur les effets de l'aspirine, ils ont pu dresser une liste des bénéfices et des risques liés à la prise d'aspirine.
Si en effet, les personnes en bonne santé prenant de l'aspirine pour prévenir d'éventuels troubles cardiovasculaires ont 17% moins de risques de faire un AVC ou une crise cardiaque, elles s'exposent à un risque plus accru (+47%) de souffrir d'un saignement gastro-intestinal et d'avoir des saignements intracrâniens (+34%).
“Notre article confirme qu'il n'y a aucune raison de prendre de l’aspirine en prévention primaire, c'est-à-dire par les personnes en bonne santé, concluent les chercheurs. Le message à retenir est que l'aspirine à faible dose est (seulement) bonne lorsque vous avez déjà une maladie cardiovasculaire.” Ces derniers insistent sur l'importance de ne pas considérer ces saignements comme “secondaires” mais au contraire, de les prendre au sérieux.
Ces risques et avantages doivent faire l’objet d’analyses de décisions formelles professionnelles afin de guider l'utilisation de l'aspirine dans le cadre de la prévention de maladies. En outre, les chercheurs recommandent de ne pas prendre d'aspirine sans avis médical.
La vente d'aspirine sous la coupe des pharmaciens
Depuis le 15 janvier 2020, comme l'ibuprofène et le paracétamol, l'aspirine n'est plus vendue en accès libre dans les pharmacies, mais placée derrière le comptoir pour “favoriser le bon usage des médicaments sans ordonnance en renforçant le rôle de conseil du pharmacien”, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). En effet, le paracétamol (Dafalgan, Doliprane, etc...) et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène et l'aspirine sont “les médicaments les plus utilisés en automédication.”