Depuis plusieurs jours et la mort de George Floyd aux États-Unis, un afro-américain décédé lors de son interpellation, de nombreuses manifestations agitent le monde entier dans un élan dénonçant à la fois le racisme, les violences policières et réclamant plus de justice sociale. Des regroupements massifs de personnes qui se déroulent dans un contexte de pandémie et qui pourraient bien relancer la vague pandémique des contaminations.
Des gestes barrière pour les manifestants et les forces policières
Les gestes barrière doivent rester un réflexe et leur non-respect au moment où des milliers de personnes se regroupent augmente le risque de propagation du Covid-19. Une étude — non revue par des pairs — et publiée le 2 juin dernier a montré que la participation à plusieurs carnavals dans une ville allemande a multiplié par deux le risque d’infection. La différence notable entre ces festivités et les manifestations mondiales réside dans le lieu où elles se sont déroulées, puisque celles-ci se sont passées à l’intérieur, où le virus peut plus facilement se transmettre, contrairement aux manifestations qui ont lieu à l’extérieur et sont donc moins propice à la propagation du virus. L’écrasante majorité des foyers épidémiques découverts dans le monde entier sont liés à des regroupements dans des espaces clos, avec un air peu renouvelé, non filtré et brassé, comme le rappelle le Huffington Post.
S’il est moins enclin à se transmettre en extérieur, le nouveau coronavirus demeure un virus contagieux duquel il faut se protéger. “Oui, les manifestations sont à l’extérieur, mais les personnes sont toutes très proches les unes des autres, et dans ces cas-là, être à l’extérieur ne vous protège pas autant”, affirme au New York Times l'historien médical Howard Markel. Dans une lettre ouverte, plus de 1 000 spécialistes en maladies infectieuses et santé publique ont publié une série de recommandations pour que les manifestations qui agitent le monde évitent de stimuler la propagation du virus. Pour les manifestants, ils préconisent le port du masque, de laisser deux mètres entre chaque manifestant, de ne pas aller de groupe en groupe et de rester à son domicile si l’on a des symptômes. Concernant les forces de l’ordre, les interpellations et l’usage des gaz lacrymogènes, qui diminuent les résistances aux maladies respiratoires, doivent être limités au maximum.
Afin d’estimer les conséquences de ces manifestations sur la pandémie, d’anciennes études peuvent donner quelques indices. En 2007, une étude publiée dans la revue américaine PNAS, a analysé les conséquences d’une parade en septembre 1918 à Philadelphie, alors que la grippe pandémique frappait les États-Unis. La comparaison avec Saint Louis, qui a annulé sa parade, a montré que la grippe a touché de manière bien plus notable la première ville.