ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Covid-19 : Le virus était-il présent dès le mois d’août en Chine ?

Épidémie

Covid-19 : Le virus était-il présent dès le mois d’août en Chine ?

Par Mégane Fleury

Des scientifiques de l’université de médecine d’Harvard ont analysé la circulation routière au niveau des hôpitaux de Wuhan et les recherches internet dans la région. Ils estiment que le virus était potentiellement présent dès la fin de l'été 2019. 

nito100/ISTOCK

Quand la Covid-19 a-t-elle fait son apparition en Chine ? Peut-être dès le mois d’août 2019, d’après des chercheurs de la Harvard Medical School. L’observation de certains indicateurs suggèrent que le virus a commencé à circuler plus tôt qu’on ne le pense. Ils ont analysé les images satellites des parkings des hôpitaux de Wuhan pour déterminer l’évolution du trafic et les données sur les requêtes les plus saisies dans les moteurs de recherche. 

Plus de trafic dans les parkings des hôpitaux 

L’équipe de la Harvard Medical School constate que le nombre de véhicules dans les parkings des hôpitaux de la ville était plus élevé à la fin de l’été et pendant l’automne, en comparaison à 2018. Dans le même temps, les recherches avec les mots-clés "diarrhée" et "toux" ont augmenté, or il s’agit de deux symptômes du nouveau coronavirus. "En août, nous avons observé une hausse unique des recherches sur le symptôme de la diarrhée qui n’avait pas été constatée lors des saisons de grippe précédentes ou dans les données de recherche sur la toux”, soulignent-ils.  

"L’augmentation de ces deux éléments précède le début présumé de l’épidémie de Covid-19 en décembre", analysent les chercheurs dans leurs conclusions. "Même si nous ne pouvons pas confirmer que cette augmentation soit directement liée au nouveau virus, nos résultats appuient d’autres études récentes, montrant que l’émergence du virus est antérieure à sa détection sur le marché aux fruits de mer de Huanan, à Wuhan." 

Des résultats contestés par la Chine

La directrice adjointe du département de l'information au ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying, a qualifié l’étude de  "ridicule" lors d’une conférence de presse, comme le rapporte Reuters. "Je pense qu’il est incroyablement ridicule de parvenir à cette conclusion avec des observations aussi superficielles que le niveau de trafic." Les chercheurs reconnaissent que l’étude est uniquement observationnelle : aucun lien de cause à effet n’est prouvé, uniquement des corrélations. L’étude n’a pas encore été évaluée par les pairs, processus qui permet à d’autres chercheurs de juger de manière critique une recherche scientifique.

À Reuters, un professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses de l’université de Notthingham, Keith Neal, confie que cette étude est intéressante mais présente des défaillances. "Je ne suis pas sûr que cela nous amène beaucoup plus loin", dit-il. D’autant plus que certains éléments sont peu fiables selon lui : un des hôpitaux inclus dans la recherche est une structure dédiée aux enfants, or ils semblent peu touchés par la Covid-19. Paul Digard, expert en virologie à l’université d’Edimbourg estime pour sa part que le fait d’avoir concentré les recherches sur Wuhan "pousse la corrélation". "Cela aurait été intéressant, et peut-être plus convaincant, d’avoir des analyses de contrôle dans d’autres villes chinoises en dehors de la province du Hubei", explique-t-il. Si ses origines soulèvent encore des questions, la Covid-19 continue toujours de circuler. À ce jour, l'épidémie a fait plus de 400 000 morts à travers le monde.