Avec le confinement, la crise sanitaire de la Covid-19 s'est muée en crise économique. Si les entreprises, les commerces, les hôtels et les restaurants font partie des plus touchés, les producteurs déplorent également des pertes. "Tout s’est arrêté au début du mois de mars avec l’annonce de la fermeture des frontières européennes et du confinement", racontait ainsi Roland Coustal, un vigneron indépendant audois dans Le Minervois, à Midi Libre, le 18 mai.
Sur les 80% de sa production commercialisés en bouteilles, 50% sont habituellement destinés à l'exportation. "Nous écoulons l’autre moitié chez les cavistes et les restaurateurs et dans les salons. Ils sont tous fermés ou ont été annulés, rapportait-il encore. À titre d’exemple, nous avons enregistré une perte de 30 000 € avec l’absence des salons de Toulouse, Brison-Saint-Innocent et Paris". Selon nos confrères, la perte du chiffre d'affaires du vigneron s'élevait à -59% en mars, -54% en avril et -60% en mai.
Une mesure exceptionnelle financée sur fonds publics européens
Néanmoins, pour Roland Coustal et ses pairs, l'espoir renait. Depuis le 5 juin et jusqu'au 15 octobre, une mesure exceptionnelle financée sur fonds publics européens est entrée en vigueur pour permettre aux viticulteurs français de distiller leur vin non vendu en raison de la chute drastique de la consommation. Objectif: utiliser leurs productions pour fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique.
"Cela va me permettre, effectivement, de vider la cave, de vider les cuves, de pouvoir rentrer la prochaine récolte et d'amener de la trésorerie sous quatre mois, envisage Roland Coustal auprès de franceinfo. Ce qui va me permettre de tourner jusqu'à la fin de l'année, et de compenser la perte que j'ai eue sur les ventes de bouteilles, due à la crise du coronavirus". Au total, on estime que 2 millions d’hectolitres de vin ont été non vendus depuis la mise en place du confinement.
"On est vigneron avant tout pour faire du vin"
"Ce vin va être racheté sur la base de 78 euros l’hectolitre, soit 78 centimes le litre de vin, précise le vigneron à nos confrères. Le prix normal, c'est aux alentours des 85 centimes le litre. C'est quand même assez rémunérateur". Les viticulteurs qui souhaitent profiter de cette mesure ont jusqu'au 19 juin pour souscrire le volume à distiller. Malgré le soulagement provoqué par cette annonce, ce n'est pas de gaieté de cœur que Roland Coustal se débarrasse de sa production. "On est vigneron avant tout pour faire du vin!", souligne-t-il auprès de franceinfo.