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Crise économique

Pourquoi la Banque de France suit de près la circulation du virus

Par Amanda Breuer-Rivera

Dans ses prévisions macroéconomiques de juin, la Banque de France - institution de stabilisation financière et de prospective - dessine trois scénarios de reprise. Et elle redoute une catastrophe si une deuxième vague de Covid-19 déferlait en France. Explications.

NicoElNino/iStock

Croisée des chemins pour l'économie française et mondiale. La Banque de France (BDF) a publié ce mardi ses prévisions macroéconomiques inquiétantes. Le déferlement de la Covid-19 a déjà coûté cher aux économies de la zone euro rappelle la banque centrale : "en zone euro, où la plupart des pays ont mis en place des mesures de confinement, le PIB a reculé de 3,8 % au premier trimestre et devrait reculer encore de 13 % au deuxième trimestre selon les dernières projections de l’Eurosystème."

En France, le PIB s'est contracté de 5,3% au premier trimestre, le rapport estime que la richesse produite en France lors du deuxième trimestre - qui englobe notamment six semaines de confinement et le début du déconfinement - devrait se rétracter de 15%. Un choc économique provoqué par le coronavirus. qui va lmarquer durablement l'économie Française. "Nous sommes loin d'être sortis d'affaire" prévient le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau sur Franceinfo.

Selon la circulation du virus, trois scénarios possibles

La principale raison ? L'absence de vaccin à l'heure actuelle ainsi que la circulation du virus à l'échelle planétaire. Face à cette inconnue majeure, la BDF établit trois scénarios : un "central" où la Covid-19 continuerait de circuler en entravant le rebond économique mais sans provoquer un nouveau confinement; un "favorable" où "une atténuation plus importante de la circulation du virus d’ici fin 2020 permettrait de retrouver un niveau normal d’activité à cet horizon"; et enfin un "sévère" où " les perturbations resteraient plus fortes". Selon ces différentes possibilités, le PIB français rattraperait le niveau qu'il aurait du avoir sans cette crise sanitaire : mi-2021 pour le cas "favorable", mi-2022 pour le "central" et à une date bien plus lointaine et incertaine pour le "sévère".

Le retour du chômage de masse

Malgré les aides massives de l'État pour la sauvegarde de l'emploi, la crise sanitaire muée en crise économique sonne le retour du chômage de masse. "Selon les premières estimations publiées par l’Insee, l’emploi salarié marchand a reculé de 2,3 % fin mars par rapport à fin décembre 2019 soit une réduction de 453 800 postes, dont plus de 290 000 dans l’intérim, explique le rapport de prévision macroéconomique de juin 2020 de la BDF. Au quatrième trimestre 2020, le niveau de l’emploi serait inférieur de presque 1 million au niveau atteint fin 2019." Selon le scénario "central", un pic de chômage de 11,5% devrait être atteint mi-2021. Un chiffre "au-dessus des précédents historiques" remarquent les analystes de cette prévision macroéconomique. Le niveau de chômage devrait ensuite redescendre à 9,7% fin 2022. Il va de soit qu'en cas de scénario "favorable" ou "sévère" les résultats sur le chômage seraient également impactés à la baisse ou à la hausse.

L'idée de l'effacement de la dette rejetée

Vers lequel de ces scénarios se dirige-t-on ? Trop tôt pour le dire. Les ménages pourraient renoncer à consommer à cause de l'avenir incertain et de la crainte du chômage. Des entreprises viables se retrouvent fragilisées par les fermetures administratives et le ralentissement de l'économie. Quant aux politiques publiques, elles vont devoir faire face à un endettement record. "120% de dette publique peut paraître abstrait mais elle a augmenté 2 fois plus vite que chez nos voisins européens, analyse François Villeroy de Galhau au micro de franceinfo qui rejette l'idée de tout effacement même partiel de cette ardoise. Il en va de la confiance de nos prêteurs. C’est le 3e pilier de confiance après celui des consommateurs et des entrepreneurs."