La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une infection pulmonaire se caractérisant par une baisse persistante de l’écoulement des gaz inspirés. Le malade voit ses voies aériennes obstruées et ses poumons se noient chaque jour davantage dans un mucus épais. Les principaux symptômes sont l’essoufflement, la toux et les crachats fréquents. D’après l’OMS, ces signes s’aggravent progressivement avec un essoufflement de l’effort, même au repos. La maladie “tend à être sous diagnostiquée et elle peut engager le pronostic vital”, alerte l’Organisation. En France, 1,7 million de personnes sont concernées. Si le plus souvent, elle est due au tabac, 25 à 30% des patients sont non-fumeurs. D’après une nouvelle étude parue dans le JAMA, ces personnes possèderaient des voies respiratoires plus étroites que les autres.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont examiné les résultats d’imagerie de plus de 6 500 adultes atteints de BPCO ou pas, fumeurs ou non, observés dans trois études. Après avoir pris en compte des facteurs comme le tabagisme, l’exposition à la fumée, la pollution atmosphérique ou les expositions professionnelles, ils ont alors découvert qu’une anomalie était bien plus courante chez les malades: la dysanapsie.
Lors de la croissance, chez certaines personnes, pour une raison inconnue, les voies respiratoires ne grandissent pas autant que prévu, alors que le développement des voies respiratoires est censé être proportionnel à celui des poumons. Les patients concernés avaient donc des bronches trop étroites par rapport à la taille de leur poumon, ce qui restreignait leurs capacités respiratoires.
Une meilleure capacité respiratoire pour les gros fumeurs qui ne tombent pas malades ?
“Ces résultats montrent que des voies aériennes plus petites par rapport à la taille des poumons sont un facteur de risque très important pour la BPCO”, commente dans un communiqué le docteur Benjamin Smith, de l’université McGill (Canada), auteur principal de l'étude. Ces données confirment une étude précédente ayant montré que 50% des BPCO chez les personnes âgées étaient dues à une fonction pulmonaire faible plutôt qu’à son déclin accéléré.
Chez les gros fumeurs qui n’ayant jamais développé de BPCO, les chercheurs ont observé une capacité respiratoire de base importante: leurs bronches étaient larges au regard de leurs capacités pulmonaires. Aussi, cette réserve respiratoire de taille pourrait leur donner une “réserve physiologique” capable de soutenir le rétrécissement des voies aériennes entraîné par le tabagisme, avancent les chercheurs. “C’est possible que quelqu’un avec ce type de poumons puisse tolérer les mauvais effets de la cigarette, mais il est très important de (…) cesser de fumer, même si vous avez des poumons avec beaucoup de réserves”, insiste le docteur Smith.
Au contraire, les personnes qui n’ont jamais fumé mais qui présentent de petites voies aériennes “peuvent ne pas avoir besoin d'un facteur de risque supplémentaire” pour développer une BPCO. “On a trouvé que chez les gens ayant des voies respiratoires plus petites, le risque de BPCO est beaucoup plus élevé, même chez les non-fumeurs. Quand on a fait une comparaison avec les autres facteurs de risque, incluant les cigarettes, il semble que la dysanapsie est encore plus importante”, développe Benjamin Smith.
“Si les voies respiratoires sont trop petites, il est plus difficile de respirer”
“C’est très mécanique, illustre le docteur Smith. C’est exactement comme un lavabo ou une baignoire. Si le tuyau est trop petit, on peut avoir des problèmes avec le drainage du système. C’est exactement la même chose avec les poumons: si les voies respiratoires sont trop petites, il est plus difficile de respirer.”
De fait, il existerait donc deux raisons principales de BPCO chez les personnes âgées: soit une faible fonction pulmonaire au début de la vie, qui représenterait donc 50% du risque de développer la pathologie à l’âge adulte, soit un déclin accéléré de la fonction pulmonaire en raison d’expositions nocives au long terme comme de la fumée de cigarette.
Toutefois, pour confirmer la suggestion “logique” établissant la dysanapsie comme un facteur de risque de la BPCO, il faudra d’autres recherches. Si cela était confirmé, des traitements pourraient alors être élaborés pour améliorer la situation des personnes concernées, espèrent les chercheurs.
De plus en plus de personnes atteintes de BPCO dans le monde
D’après une étude parue en novembre dans The European Respiratory Journal, le nombre de malades diagnostiqués de BPCO ne cesse d’augmenter à travers le monde. Selon l’OMS, 175 millions de personnes étaient atteintes de cette maladie en 2015. En revanche, le taux de mortalité dû à cette maladie a diminué de 12% entre 2000 et 2015.
“Les données suggèrent que la proportion de patients atteints de BPCO qui meurent prématurément en raison de la maladie diminue dans l'ensemble, ce qui est très encourageant. Cela signifie que les gens peuvent être moins exposés aux facteurs de risque maintenant que la maladie est gérée plus efficacement”, analysaient donc les auteurs de l'étude. Toutefois, “même si le taux de mortalité due à la BPCO peut diminuer avec le temps, cette baisse est trop faible pour compenser le fait que chaque année, de plus en plus de personnes meurent de la BPCO en raison du vieillissement des populations.”