Mardi 9 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a rendu un avis dans lequel elle recense les principaux usages des nanomatériaux manufacturés dans le domaine alimentaire. Elle a “référencé 37 substances, utilisées en tant qu’additifs ou ingrédients alimentaires et pour lesquelles elle considère que la présence de nanoparticules est avérée ou suspectée”, écrit-elle dans son avis. Une première étape avant d'“étudier les risques sanitaires que pourraient représenter ces substances pour les consommateurs”, indique l’agence.
Le lait infantile, les confiseries et les céréales du petit-déjeuner forment le podium
L’intérêt d’ajouter des nanomatériaux dans les aliments est multiple. Ces nanomatériaux sont utilisés comme additifs, “pour améliorer l’aspect et l’appétence du produit alimentaire” mais également “en tant que matériaux au contact des aliments, pour leurs fonctions d’améliorations de la sécurité du conditionnement”. Leur dernier apport est nutritif, pour compléter certains produits comme le carbonate de calcium utilisé dans les laits infantiles pour atteindre une teneur suffisante en calcium. Au total, ce sont près de 900 produits alimentaires qui intègrent au moins un additif ou un ingrédient répondant à la classification “substances pour lesquelles la présence de nanomatériaux manufacturés est avérée.”
Le lait infantile est l’aliment le plus concerné par ces substances puisqu’il concentre 25,6% des nanoparticules, suivi des confiseries (15,6%), des céréales du petit-déjeuner (14,8%), des barres céréalières (12,9%), des viennoiseries et des desserts surgelés (10,9%). La déclaration des substances à l’état nanoparticulaire est obligatoire depuis 2013 grâce au registre R-Nano qui est géré par l’Anses. Celui-ci prévoit que les fabricants, importateurs et distributeurs de plus de 100 grammes de substances à l’état nanoparticulaire par an, fassent état de l’identité des substances, les quantités manipulées ainsi que les usages prévus.
Prochaine étape : évaluer les risques pour la santé
Malgré ces obligations, la réalité est un peu différente et toutes les nanoparticules ne sont pas enregistrées. “Malgré ces obligations, l’identification et la traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation s’avèrent encore aujourd’hui limitées”, constate l’agence sanitaire. Or, c’est “une étape indispensable à l’évaluation des risques sanitaires” qui est la prochaine étape pour l’Anses. En attendant de connaître les risques que ces nanoparticules constituent, l’Agence conseille de “limiter l’exposition des consommateurs” aux nanomatériaux dans l’alimentation en évitant les “usages superflus” et “en favorisant les produits sûrs, dépourvus de nanomatériaux, et équivalents en termes de fonction et d’efficacité.”