- Une campagne nationale débute ce 11 juin pour inciter les patients chroniques à retourner consulter leur médecin
- 41% d'entre eux ne sont pas encore retournés voir leur médecin depuis la levée du confinement
- Les médecins et associations redoutent "l’explosion des complications liées aux maladies chroniques"
#revoirsonmedecin, #securitedespatients, #teleconsultation : ces trois hashtags sont ceux d'une campagne nationale lancée à destination des 15 à 20 millions de personnes touchées par une maladie chronique (obésité, diabète, hypertension...) en France pour les inciter à retourner voir leur médecin.
L'appel lancé par les médecins et associations
Un sondage réalisé auprès de 2 400 patients chroniques à l'initiative de cette campagne démontre que 69% d'entre eux ont annulé ou différé un rendez-vous avec leur généraliste ou un spécialiste, un contrôle ou un examen médical, une opération chirurgicale ou des soins paramédicaux et que 41% ne sont pas encore retournés voir leur médecin depuis la levée du confinement. Vingt-neuf pour cent envisagent de le faire ces 4 prochaines semaines mais 12% avouent ne pas en avoir l'intention, tandis que 58% d'entre eux n'ont toujours pas réalisé d'examen médical ou de contrôle depuis le déconfinement.
“Nous redoutons l’explosion des complications liées aux maladies chroniques, aux maladies cardio-métaboliques, à l’hypertension, à l’obésité et même au retard pris pour le dépistage des cancers et qui vont d’un seul coup resurgir tous ensemble, s'alarme Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération française des diabétiques. Il s’agit d’une véritable bombe à retardement car la maladie chronique est sournoise et très insidieuse.”
“Maintenant, prenez soin de vous, prenez rendez-vous”
C'est donc avec bienveillance que l’Institut B3TSI pour la Fédération française des diabétiques et ses quatre partenaires Alliance du cœur, le Collectif national des personnes atteintes d’obésité, la Fondation pour la recherche sur l’HTA et la Société française de santé digitale appellent leurs patients à consulter : Maintenant, prenez soin de vous, prenez rendez-vous, en consultation ou téléconsultation.
“Il ne faut pas leur faire peur, explique lors d'une conférence de presse Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses. Dix-huit pathologies sont associées à l'obésité, auxquelles s'ajoute la Covid-19 puisque 50% des décès étaient des hommes avec des problèmes de poids. Plus votre poids est élevé, plus vous êtes à risque”. Se rendre à un rendez-vous médical pendant le confinement était donc impensable pour les personnes en surpoids ou souffrant d'obésité, au risque de ne pas soigner leurs maux.
Aujourd'hui, certains sont victimes du syndrome de la cabane : “Ils ont tellement absorbé le message qu'il ne fallait pas sortir pour se protéger et protéger les autres, que leur domicile est devenu une zone de sécurité. Sortir à l’extérieur suscite désormais chez eux la peur viscérale de se mettre en danger. (...) Il y a un côté très anxiogène lié à la présence du virus et à l'idée qu'il peut revenir de plus belle”, explique Anne-Sophie Joly.
29% des patients chroniques restent confinés
Conscients d'être les personnes “fragiles”, “vulnérables” et déjà “atteintes d'une pathologie” décrites par les médecins et les médias pour qualifier les personnes le plus à risques, de nombreux patients chroniques rechignent à sortir, ou en tout cas, à consulter un médecin.
Trente-sept pour cent des patients sondés déclarent en effet ne pas avoir consulté de médecin pendant le confinement de peur d'être contaminés par le virus (50% chez les 18-29 ans habitant dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants), 32% pour ne pas surcharger leur médecin ou les hôpitaux et 8% par crainte d'être infectés dans les transports.
Vingt-neuf pour cent des personnes souffrant d'une pathologie chronique affirment bien être toujours confinées, même si des disparités régionales ont été enregistrées : 35% dans les Hauts-de-France, 36% en Normandie, 32% en Occitanie, 29% en Nouvelle-Aquitaine ou encore 25% en Ile-de-France. Vingt-six pour cent ont même l'impression que leur état de santé s'est dégradé depuis le début de l'épidémie. Une tendance plus prononcée chez les femmes (29%) et les jeunes de 18 à 29 ans (39%).
“Maintenant, prenez soin de vous, prenez rendez-vous, en consultation ou téléconsultation”.