Embourbés. Les États-Unis semblent ne pas arriver à en finir avec cette crise sanitaire. Selon les données récoltées par l'université Johns Hopkins, 21 États - dont Porto Rico - ont vu le nombre de contamination croître depuis fin mai, 14 d'entre eux enregistrent même leur pire moyenne hebdomadaire d'infection. Une situation paradoxale alors que le Texas - 2e État le plus peuplé du pays avec près de 29 millions d'habitants - n'a jamais eu autant de personnes hospitalisées pour la Covid-19, le pays connaît en même temps un relâchement général des mesures de distanciations sociales, rapporte The Guardian. L'exemple le plus criant étant la réouverture des casinos de Las Vegas (Nevada) début juin alors même que le nombre de nouveaux cas détectés a presque doublé entre le 2 et le 6 juin pour atteindre une moyenne de 184 nouveaux cas le 8.
Une situation inquiétante puisque le nombre de personne contaminées et de décès se maintient à un niveau élevé - 20 000 nouveaux cas quotidien et 1 000 décès en moyenne aujourd'hui. Des chiffres hors norme. Les États-Unis atteignent les 2 millions de cas avérés de Covid-19 soit près du tiers des cas déclarés officiellement à l'échelle planétaire. Idem au niveau des décès, où officiellement les 112 924 décès américains cumulés ce 11 juin représentent plus du quart des décès reconnus au niveau mondial.
Toujours plus de cas en Californie
Si la pandémie décroit dans la majorité des États de la côte Est, la courbe des contamination augmente au sud et à l'Ouest du pays. Après avoir atteint le pic de 10 824 nouvelles contaminations journalières en moyenne le 9 avril dernier, la situation semble se réguler dans l'État de New York - 4e entité politique la plus peuplée du pays avec 19,4 millions d'habitants. Désormais, l'État de la Grosse pomme comptabilise en moyenne 1 000 nouveaux cas quotidien, soit moins du dixième de son pic.
Une hausse de 40% à Los Angeles et San Francisco
Malgré cette bonne nouvelle, 21 autres États enregistrent une tendance à la hausse du nombre de contamination essentiellement au sud (Caroline du sud, Arkansas, Louisiane...) et sur la côte Ouest (Arizona, Nevada, Oregon...). Le plus préoccupant est que les trois États les plus peuplés voient également leur courbe de contamination augmenter. En Californie -1er État le plus peuplé avec 39,5 millions d'habitants - la courbe moyenne de contamination ne cesse de croître sans interruption depuis mi-mars et a atteint un pic de 3 082 de nouveaux cas quotidien le 5 juin. L'État a enregistré une hausse de 40% des contamination la semaine dernière, explique The Guardian, notamment dans les grandes villes comme Los Angeles - la ville la plus touchée - et San Francisco. Même scénario au Texas - 2e plus peuplé avec près de 29 millions d'habitants - où la tendance est la hausse depuis la mi-mars malgré deux périodes de décrue. Cependant même si le nombre de cas détecté a doublé entre le 28 mai et le 5 juin pour atteindre un pic de 1864 nouveaux cas, la tendance semble décroître ces trois derniers jours. Quant à la Floride - 3e plus peuplé avec 21 millions d'habitants - après une première vague en avril, une deuxième se dessine début juin pour atteindre la moyenne de 1 347 nouveaux cas le 4 juin dernier.
Pourtant le déconfinement se poursuit
L'autre des raisons de cette poursuite de la contamination semble être le brassage des populations lors du long week-end fin mai correspondant au "Memorial day". "Nous sommes très préoccupés par le fait que nos messages de préventions ne semblent pas trouver échos, avoue Robert Redfield, chef du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) - agence fédérale de protection de santé publique - lors d'un congrès la semaine dernière. Nous continuons à chercher la manière de les faire entendre à différents groupes."
Rien de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. De nombreuses villes et États - notamment où la pandémie progresse depuis des semaines - lèvent les mesures de restriction de la vie sociale. Ainsi le Guardian rapporte que la Floride a entamé sa deuxième phase du déconfinement en permettant aux bars et aux cinémas d'accueillir du public malgré la deuxième vague en cours. Un exemple parmi d'autre du "déconfinement décomplexé" : "De grandes disparités émergent [NDLR : entre États] sur le port du masque : très répandus dans les États majoritairement démocrates, comme New York, mais beaucoup moins dans le Sud (Texas, Géorgie, Louisiane)," écrit Philippe Berry, correspondant de 20 minutes aux États-Unis.
Manifestations contre le racisme : nouvelle bombe sanitaire ?
Cependant, ce n'est pas tant la propagation du virus qui a retenu l'attention des citoyens américains mais lan mort de George Floyd. Ce fait divers a exacerbé les tensions raciales au sein de la société américaine et provoqué de multiples et importantes manifestations partout dans le pays.. de quoi provoquer une accélération de la pandémie ?
"Est-ce que les manifestations vont provoquer une hausse des cas de Covid-19 ? Oui. Est-ce que ça sera anecdotique, un rebond ou une forte hausse ? On ne le sait pas", estime sur Twitter le directeur des urgences de l’hôpital presbytérien de New York, Craig Spencer rapporte 20 minutes. Ce coronavirus a été détecté auprès de plusieurs réservistes de la Garde nationale - parfois appelés pour encadrer des manifestations. Leur nombre restent incertains tout comme la propagation silencieuse de la Covid-19.