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Nutrition

Habitudes alimentaires : les gagnants et les perdants du confinement

Par Diane Cacciarella

Une étude montre les différents comportements alimentaires des Français pendant le confinement. Certains peuvent être mauvais pour la santé.   

halfpoint./iStock

Pas toujours évident de cuisiner “maison” ou de prendre le temps de faire de vrais repas… Pour certains, le confinement a même empiré les choses. L'Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren), a publié un rapport préliminaire de leurs travaux le 5 juin. Dans celui-ci, ils analysent le comportement alimentaire de plus de 37 000 personnes entre le 17 mars et le 11 mai. Selon les auteurs, près de 60% des Français ont changé leur façon de manger et leur niveau d’activité physique pendant cette période. Mais cela varie en fonction de la présence d’enfant dans le foyer, des conditions de travail et du niveau des revenus. 

1,8 kilo de plus en moyenne par personne entre mars et mai

Les chercheurs distinguent trois groupes parmi les participants : ceux qui ont pris de mauvaises habitudes alimentaires, ceux qui les ont améliorées et certains pour qui le confinement n’a rien changé. Le premier représente 37,4%  des personnes interrogées. Pour eux, tous les voyants sont au rouge : ils ont diminué leur activité physique (57%), pris 1,8 kilo sur toute la période (35%), augmenté leur apport énergétique (23%) et leurs grignotages (21%). Et le choix des aliments n’était pas optimal : moins de produits frais (en particulier les fruits et le poisson), plus de sucreries, de biscuits et d’alcool. Les profils sociologiques que les auteurs retrouvent majoritairement dans ce groupe ont les caractéristiques suivantes : de faibles revenus, des femmes, moins de 50 ans, des enfants dans le foyer, et une activité en télétravail. 

« Le confinement a suscité (...) des comportements nutritionnels peu favorables à la santé qui, si ils étaient maintenus sur le long terme, pourraient accroître le risque de pathologies chroniques », soulignent ces scientifiques. Les conséquences peuvent être multiples : diabète, cholestérol, obésité, maladies cardiovasculaires, etc. D’autant plus si les personnes ne pratiquent pas d’activité physique. Néanmoins, il est possible que ces mauvaises habitudes disparaissent au fur et à mesure du déconfinement. «Ces modifications semblent liées à la perte d'opportunités liée au confinement, » notent les auteurs. Avec la réouverture de tous les commerces et des salles de sport, les anciennes et bonnes habitudes reprendront certainement. 

Plus de 40% n’ont pas changé leurs habitudes alimentaires

En revanche, certains Français ont profité de cette période pour prendre de bonnes résolutions et améliorer leurs comportements nutritionnels. Ils représentent près de 20% des participants de cette étude et ont des particularités communes : des personnes en chômage partiel ou télétravail, sans enfants à la maison, avec des revenus plus élevés, des individus en surpoids, obèses ou qui avaient une mauvaise alimentation avant le confinement. 40% d’entre-eux se sont mis à cuisiner davantage et 19% ont fait plus d’activité physique. Résultat, près d’un quart du groupe a perdu en moyenne 2 kilos sur toute la période du confinement. Selon les auteurs, il y a eu « une adaptation favorable à la situation entreprise par des individus ayant davantage les moyens et/ou les opportunités, et avec plus de marge de progrès au niveau nutritionnel ou encore des individus préoccupés par leur santé et leurs risques face à la Covid-19 ».

Pour finir, le troisième groupe compte 42% des participants. Ceux-ci sont principalement des personnes plus âgées qui étaient déjà sans emploi avant le confinement ou qui ont continué à travailler sur leur lieu de travail. Pour eux, le confinement n’a eu aucun impact sur leurs habitudes alimentaires.