Toutes les cellules vivantes vieillissent, y compris celles du cerveau. Mais la complexité de cet organe ne permet pas toujours de comprendre l’origine et le développement de certaines maladies cérébrales. Les chercheurs de l'Université d'Edimbourg viennent de publier une étude dans la revue Science qui pourrait répondre à plusieurs de ces inconnues. Dans leurs travaux, ils montrent que l’évolution des synapses en fonction de l'âge serait impliqué dans l’émergence de certaines pathologies. Ces synapses sont de microscopiques espaces entre les terminaisons nerveuses de deux neurones. C’est à travers elles que se fait la transmission de l’influx nerveux, sorte de messages électriques et chimiques. Les souvenirs - qui constituent la mémoire - sont stockés dans ces synapses et leur évolution au fil du temps serait donc liée à plus de 130 maladies cérébrales.
Les synapses évoluent avec l’âge…
Les chercheurs ont travaillé sur des souris d’âges différents (de la naissance à la vieillesse) pour mieux comprendre le rôle de ces synapses dans le cerveau. Ils ont attribué des codes de couleurs à chaque type de molécules afin de voir si les synapses établissant leur transmission nerveuse changeaient avec le temps. Au total, ils ont trouvé plus de cinq milliards de connexions de cellules cérébrales, qu’ils ont répertorié en fonction de l’âge. Les résultats sont probants : le nombre et la composition moléculaire des synapses évoluent avec le vieillissement dans différentes parties du cerveau. Cette découverte pourrait permettre de comprendre les conséquences du temps sur la mémoire et d’expliquer certains types de déficience et de démence.
…. dans des zones cérébrales spécifiques
L’évolution des synapses intervient principalement à trois périodes - l’enfance, l’âge adulte et chez les personnes âgées - et impacte des zones spécifiques du cerveau. Grâce à leurs codes de couleurs, les scientifiques ont observé que le cerveau des souris d’âge adulte était bien plus coloré que celui des souris des deux autres périodes. Autrement dit, le cerveau à l’âge adulte est plus complexe car il comprend plusieurs types de synapses en plus grande quantité. Pour les chercheurs, cette découverte montre que les gènes dégradent les synapses à des âges différents et dans des zones cérébrales déterminées. A plus long terme, leurs travaux pourraient permettre de comprendre les raisons du développement de maladies précises, comme la démence ou la schizophrénie, à des âges spécifiques. Une découverte révolutionnaire selon Seth Grant, le principal chercheur de l’étude : "Le cerveau est la chose la plus complexe que nous connaissions et le comprendre à ce niveau de détail est un pas en avant considérable,” conclut-il.