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Mort subite du nourrisson : le risque est plus élevé dans les familles ayant déjà vécu ce drame

Par Anaïs Col

Le risque de perdre un bébé du syndrome de la mort subite du nourrisson serait plus élevé pour les familles ayant déjà perdu un enfant de cette façon. Certains facteurs de risque seraient évitables selon les chercheurs. 

CatEyePerspective/iStock
MOTS-CLÉS :
Les familles ayant perdu un bébé du syndrome de la mort subite du nourrisson ont 10 fois plus de risques que l'histoire se répète
Certains facteurs de risque sont évitables ou modifiables, comme le tabagisme et la négligence
La HAS rappelle l'importance de coucher son bébé sur le dos pour éviter un tel drame

Le syndrome de la mort subite du nourrisson est le décès prématuré et inexpliqué d'un bébé en bonne santé, dans son sommeil. On estime que 500 bébés décèdent de cette façon chaque année en France. Selon une récente étude publiée dans les Archives of Disease in Childhood, les frères et soeurs de ces bébés auraient 10 fois plus de risques de mourir de la même façon. 

Un risque plus élevé après un premier cas

Les chercheurs ont analysé les données collectées par le dispositif britannique Care of Next Infant (CONI) entre 2000 et 2015. Ce programme est destiné à accompagner les parents ayant déjà perdu un premier bébé de cette façon. Il comprend les visites régulières d'un professionnel de santé jusqu'à ce que leur deuxième enfant ait au moins 6 mois, la fourniture d'un moniteur pour surveiller la respiration de bébé, une formation aux gestes de premier secours, un journal des symptômes et des tableaux de poids.

Résultat : 29 syndromes de mort subite du nourrisson ont été signalés dans 26 familles entre 2000 et 2015, dont 2 dans 23 familles et 3 dans trois autres foyers. Une famille ayant déjà vécu ce drame a donc 10 fois plus de risques que l'histoire se répète. Les chances que cela se reproduise dans une famille ayant déjà perdu 2 bébés sont de 115 sur 1 000 naissances. 

Les chercheurs ont identifié des facteurs de risque du syndrome de mort subite du nourrisson évitables et/ou modifiables, comme le fait que la mère fume avant et après la naissance, qu'elle souffre de problèmes de santé mentale, que le bébé ait un mauvais rythme de sommeil, mais également le fait de dormir avec un parent ayant consommé de la drogue ou plus de deux unités d'alcool, ainsi que la maltraitance et/ou la négligence. “Le risque de mort subite du nourrisson répété est 10 fois plus élevé que dans la population générale, reflétant à la fois les risques génétiques inhérents ainsi que des facteurs environnementaux tels que le tabagisme maternel et un mauvais rythme de sommeil”, concluent les chercheurs.

La position du coucher

Début mars, la Haute Autorité de santé et le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNP-P) ont publié une fiche mémo pour rappeler l'importance de coucher les bébés sur le dos afin d'éviter les risques de mort subite du nourrisson. Allongé sur le ventre, le nourrisson risque en effet l’enfouissement, l’hyperthermie et le confinement respiratoire. De même, en position latérale, il risque de basculer sur le ventre.

“Les matériels de contention (cale-bébé, cale-tête, coussin de positionnement, réducteur de lit, etc.) sont inutiles, délétères et dangereux car ils peuvent favoriser le retournement ventral et augmentent le risque de décès asphyxique par enfouissement", alerte la HAS. La position ventrale accentue également le risque de souffrir de déformations crâniennes positionnelles. En avril 2017, l'Association française de chiropraxie (AFC) et l'association Le Lien alertaient sur la hausse des cas de plagiocéphalie, plus communément appelée “tête plate”.

Les recommandations officielles

Selon les recommandations de la HAS : le bébé doit être couché sur le dos sur un matelas ferme dans un lit à barreaux, installé dans une turbulette adaptée, sans oreiller ni couette ni couverture, avec une température ambiante modérée (18-20°), idéalement dans la chambre des parents les 6 premiers mois de vie, en évitant le partage du lit parental et sans exposition au tabac.

Des recommandations qu'elle adresse aux familles, mais également aux “aide-soignant(e), assistante maternelle, auxiliaire de puériculture, infirmier(e), kinésithérapeute, médecin généraliste, ostéopathe, pédiatre, psychomotricien(ne), puériculteur(trice), sage-femme, technicien d’intervention sociale et familiale, etc.”

Il est également recommandé de varier les postures et d’encourager les rotations spontanées de la tête du bébé en fonction de l’âge. “Les postures ventrale et latérale peuvent être explorées lors d’échanges privilégiés avec l’adulte. Du fait du risque d’enfouissement, le nourrisson doit être surveillé en permanence lors des phases d’éveil sur le ventre.”