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Prévention

Alcool : même une consommation modérée est risquée pour la santé

Par Anaïs Col

Selon des chercheurs canadiens, une faible consommation d'alcool en accord avec les recommandations officielles présenterait aussi des risques pour la santé.

Bbbrrn/iStock
Une consommation d'alcool modérée présente également des risques importants pour la santé
Plus de 50% des cancers résultant d'une consommation d'alcool surviennent chez des buveurs modérés
L'alcool augmente les risques de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures, de l'œsophage ou encore du foie

En France, 7,1% à 12,6% des adultes consomment quotidiennement de l’alcool selon les régions, rapporte Santé publique France. Si les autorités sanitaires recommandent de ne pas boire plus de 10 unités d'alcool par semaine et plus de 2 verres standard par jour, une nouvelle étude publiée le Journal of Studies on Alcohol and Drugs avance qu'une faible consommation d'alcool peut aussi engendrer une hospitalisation et la mort. Les buveurs modérés “ne sont pas à l'abri des dangers” de l'alcool, écrit l'équipe de recherche dirigée par Adam Sherk, Professeur à l'université de Victoria (Canada). 

Les dangers d'une consommation modérée

Pour mesurer les répercussions d'une consommation d'alcool modérée sur la santé, ils ont utilisé le modèle international InterMAHP, un outil permettant d'estimer les méfaits de l'alcool dans un pays, et récolter les données liées à la consommation d'alcool moyenne de la Colombie-Britannique, ainsi qu'à celles des hôpitaux canadiens. Dans cette province canadienne, les recommandations officielles sont de 10 unités d'alcool par semaine (comme en France) pour les femmes et 15 maximum pour les hommes. 

Les chercheurs ont découvert que plus de 50% des cancers résultant d'une consommation d'alcool surviennent chez des buveurs modérés et 38% de tous les décès imputables à l'alcool sont diagnostiqués chez d'anciens buveurs ou des buveurs respectant les limites hebdomadaires. Néanmoins, chez les femmes, une consommation d'alcool modérée aurait des vertus protectrices contre la mort par crise cardiaque, accident vasculaire cérébral (AVC) et diabète. “Son ​​effet protecteur ne semble pas efficace pour les hommes, qui eux subissent des préjudices à tous les niveaux” écrivent les chercheurs. Ces résultats suggèrent donc que les seuils fixés par les autorités sanitaires sont encore trop élevés.

En 2017, un rapport du World Cancer Research Fund avançait qu'un demi-verre de vin par jour, tous les jours, augmentait le risque de développer un cancer du sein. En effet, l'alcool est un cancérigène avéré et serait à l'origine de 11% des cancers chez les hommes et de 4,5% des cancers chez les femmes. L'alcool augmente les risques de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures, de l'œsophage, du foie, du sein ou encore du côlon. 

Quelle est votre consommation d'alcool ?

En 2019, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis au point un test basé sur le questionnaire Audit (pour Alcohol Use Disorders Identification Test) pour aider les personnes à mesurer leur consommation d'alcool. A vous de jouer.

1. A quelle fréquence vous arrive-t-il de consommer des boissons contenant de l'alcool ?

- Jamais (0 point)

- 1 fois par mois ou moins (1 point)

- 2 à 4 fois par mois (2 points)

- 2 à 3 fois par semaine (3 points)

- Au moins 4 fois par semaine (4 points)

2. Combien de verres standard buvez-vous au cours d'une journée ordinaire où vous buvez de l'alcool ?

- 1 ou 2 (0)

- 3 ou 4 (1)

- 5 ou 6 (2)

- 7 à 9 (3)

- 10 ou plus (4)

3. Au cours d'une même occasion, à quelle fréquence vous arrive-t-il de boire six verres standard ou plus ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

4. Au cours de l'année écoulée, à quelle fréquence avez-vous constaté que vous n'étiez plus capable de vous arrêter de boire une fois que vous aviez commencé ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

5. Au cours de l'année écoulée, à quelle fréquence le fait d'avoir bu de l'alcool vous a-t-il empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

6. Au cours de l'année écoulée, à quelle fréquence, après une période de forte consommation, avez-vous dû boire de l'alcool dès le matin pour vous sentir en forme ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

7. Au cours de l'année écoulée, à quelle fréquence avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou de regret après avoir bu ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

8. Au cours de l'année écoulée, à quelle fréquence avez-vous été incapable de vous souvenir de ce qui s'était passé la nuit précédente parce que vous aviez bu ?

- Jamais (0)

- Moins d'une fois par mois (1)

- Une fois par mois  (2)

- Une fois par semaine (3)

- Tous les jours ou presque (4)

9. Vous êtes-vous blessé ou avez-vous blessé quelqu'un parce que vous aviez bu ?

Non (0)

Oui, mais pas au cours de l'année écoulée (2)

Oui, au cours de l'année (4)

10. Est-ce qu'un ami ou un médecin ou un autre professionnel de santé s'est déjà préoccupé de votre consommation d'alcool et vous a conseillé de la diminuer ?

Non (0)

Oui, mais pas au cours de l'année écoulée (2)

Oui, au cours de l'année (4)

Résultat du test :

Vous avez un total inférieur à 8 points : niveau de risque faible

Intervention : prévention primaire.

Rôle du médecin généraliste : éducation pour la santé, soutien de la politique de santé vis-à-vis de l'alcool, exemplarité.

Vous avez un total compris entre 8 et 15 points : niveau de risque dangereux

Intervention : conseil simple.

Rôle du médecin généraliste : repérage, évaluation, conseil bref.

Vous avez un total compris entre 16 et 19 points : niveau de risque problématique

Intervention : conseil simple plus intervention d'aide brève et surveillance continue.

Rôle du médecin généraliste : repérage, évaluation, conseil bref, suivi.

Vous avez un total égal ou supérieur à 20 points : niveau de risque élevé (alcoolo-dépendance)

Intervention : traitement spécialisé.

Rôle du médecin généraliste : repérage, évaluation, orientation vers un spécialiste, suivi.